Carmen Paterson-Payne dirige le programme de soutien parental Y’a personne de parfait, financé par le gouvernement provincial, qui vise à soutenir les familles ayant des enfants âgés de 6 ans ou moins. « Je rencontre tellement de parents d’un enfant de 8 ans qui ne savent pas vers qui se tourner pour obtenir du soutien, explique-t-elle. Un de mes collègues de Colombie-Britannique travaillait sur un programme pour les préadolescents et leurs parents et voulait que je l’aide à l’implanter ici au Manitoba. »
Comme c’est souvent le cas, le problème était le financement. Le gouvernement du Manitoba s’intéressait par ce que ce nouveau programme pouvait offrir, mais il avait besoin de plus de garanties pour pouvoir envisager de le financer. Mme Paterson-Payne attendait le bon moment, puis elle a entendu parler du Fonds d’inspiration, un programme géré par Réseau Compassion Network qui finance des idées novatrices proposées par des intervenants de première ligne. En tant que membre de l’équipe du Centre Youville, elle a compris que cette subvention pourrait lui donner la chance d’essayer quelque chose de nouveau. « Je me suis dit : voilà comment je peux prouver que ça fonctionne, se souvient-elle. J’étais complètement stupéfaite de découvrir cette possibilité. C’est formidable d’avoir des rêves ambitieux et de pouvoir les réaliser! »

Elle s’est donc mise au travail et c’est ainsi que la première édition du programme My Tween and Me (Mon préado et moi), destinée aux familles ayant des enfants âgés de 7 à 12 ans, a vu le jour. Le projet pilote a été offert avec le concours de 14 organismes de partout au Manitoba et s’est déroulé à distance en raison de la pandémie. « Au bout du compte, ça ne pouvait pas tomber à un meilleur moment, fait remarquer Mme Paterson-Payne. Les parents se sentaient tellement isolés et avaient vraiment besoin d’établir des liens avec d’autres personnes, tout en aidant leurs enfants. »
Le programme s’inspirait d’un modèle de développement communautaire misant sur le mentorat et le soutien, ce qui donne de meilleurs résultats pour les familles et les communautés. « Il s’agit d’un programme axé sur le participant. Nous accompagnons les parents et les enfants pour les amener à avoir des conversations sincères sur les choses qui comptent vraiment pour eux, poursuit Mme Paterson-Payne. L’objectif est de renforcer la résilience et de favoriser la création de liens sociaux et affectifs sains. Nous voulons leur faire vivre ces moments magiques de proximité entre les enfants et les adultes qui en prennent soin. Nous voulons créer un espace où ils pourront poser des questions, établir des liens de confiance et avoir des relations plus solides. »
De toute évidence, ces objectifs ont été atteints. La comparaison des évaluations préliminaires avant et après la participation au programme a révélé une augmentation de 67 % du nombre de participants « tout à fait d’accord » pour dire qu’ils peuvent avoir une influence positive sur leurs enfants. Les participants ont également indiqué que le programme avait amélioré de 64 % leur compréhension des pressions de toutes sortes pouvant affecter la santé mentale de leurs préados; ils ont aussi compris qu’ils pouvaient mieux aider leur enfant à prendre de bonnes décisions.

Outre les activités réunissant les parents et les enfants, le programme organise aussi des activités pour chaque groupe. « Les parents ont besoin de temps pour établir un lien entre eux et avec l’animateur, poursuit Mme Paterson-Payne. Ils ont besoin de ce soutien et cette expérience leur permet de relativiser leurs inquiétudes. Ils réalisent qu’ils ne sont pas seuls et qu’ils peuvent ensemble résoudre des problèmes et travailler sur des enjeux communs. »
Mme Paterson-Payne est une ardente défenseure des programmes de soutien aux parents et cherche toujours des moyens d’aider les familles du Manitoba. Toutes les histoires ne se terminent pas toujours aussi bien et elle est reconnaissante à Réseau Compassion pour son approche avant-gardiste.
« Honnêtement, j’en ai presque les larmes aux yeux quand j’y pense, ajoute-t-elle avec de l’émotion dans la voix. Je tiens vraiment à remercier Réseau Compassion Network de nous avoir encouragés à prendre le risque. Tout ce qu’il nous fallait, c’est de l’argent et la capacité d’accomplir cet important travail. Nous savons maintenant que nous pouvons avoir un effet positif sur les familles et cette initiative aura un effet domino dans toutes nos collectivités. »