Le mot du cœur est un espace de réflexions pour les membres du personnel sur des questions qui comptent pour eux, pour notre réseau et, plus important encore, pour les personnes que nous accompagnons.
Ce mois-ci, notre chef de la direction financière, Bob Lafrenière, évoque l’incendie qui a ravagé la maison de son fils, et l’étonnante vague de gentillesse et de compassion qui s’en est suivie.
Par une nuit de fin octobre, on sonne à la porte de la maison où vivent Bob Lafrenière et son épouse Rachel. Ne s’attendant pas à recevoir de la visite, ils ont la surprise d’ouvrir la porte à leur fils Éric, son épouse, leurs deux jeunes enfants et le chien de la famille. Leur maison, située de l’autre côté de la rue, était en feu. Le sinistre a entraîné la perte quasi-totale de la maison, mais a aussi apporté un profond sentiment de gratitude pour la générosité et le soutien de leur communauté.
Réseau Compassion Network (RCN) : Pouvez-vous nous parler un peu de l’expérience vécue par votre fils et sa famille depuis l’incendie?
Bob Lafrenière (BL) : Quand vous pensez à votre maison, c’est vraiment votre point d’ancrage. C’est l’endroit où l’on se sent en sécurité, où l’on s’exprime et où l’on crée de beaux souvenirs avec sa famille. Perdre cela peut être vraiment accablant et traumatisant. Éric et sa famille ont emménagé chez nous pour le moment, ce qui est bien pour tout le monde. Les enfants sont très jeunes, ils ont tous les deux moins de trois ans. Le plus âgé n’arrête pas de dire « maison cassée » quand il voit sa maison. Il est honnêtement difficile pour quiconque d’assimiler un tel drame, à plus forte raison pour un petit enfant. Beaucoup d’incertitudes planent encore sur l’avenir, mais nous sommes convaincus que, comme l’adage le dit, « cela aussi passera ».
RCN : Alors même que le feu faisait rage, vous avez commencé à ressentir les effets de l’aide communautaire. Parlez-nous-en plus en détail.
BL : Ça a commencé avec les pompiers. Ils sont constamment confrontés à ce genre de sinistres : ils pourraient aisément n’y voir que la routine. Mais pour notre famille, c’était un de ces jours jour qui vous marquent profondément. Les premiers intervenants ont fait preuve d’un professionnalisme remarquable. Je m’attendais à ce qu’ils fassent du bon travail, mais je n’avais pas prévu la gentillesse dont ils ont fait montre à l’égard de mon fils et de son épouse. Il y avait encore deux chats dans la maison, et cela a pris quelques heures, mais ils ont réussi à les retrouver. Un pompier en particulier est venu prendre de nos nouvelles. Il nous a dit : « Ne vous inquiétez pas, ça peut être reconstruit. » Ils se sont mis à notre place et cette gentillesse était inattendue. Ça m’a vraiment marqué.

deux enfants et leur chien, se reposant chez
Bob et Rachel.
Puis, en l’espace d’un jour ou deux, quand la nouvelle s’est répandue, les manifestations de gentillesse et de générosité de nos voisins ont commencé à affluer. Nous avons reçu, de particuliers et de groupes, des vêtements pour les enfants, des cartes-cadeaux pour les adultes, des paquets de jouets et de livres. Les amis et la famille nous ont beaucoup soutenus, ce qui n’est pas surprenant et est très apprécié, mais ce sont les voisins qui se sont serré les coudes qui nous ont vraiment bouleversés. C’est une période difficile pour la famille de mon fils et le fait de savoir que les gens, même ceux qui les connaissent à peine, se soucient d’eux… cela aide à atténuer l’aspect émotionnel de l’incendie.
RCN : Face à une telle situation, on doit nécessairement marquer un temps de pause pour faire le point sur sa vie et ses priorités. Qu’est-ce qui a changé pour vous depuis l’incendie?
BL : Je sais que je l’ai déjà dit, mais j’en reviens toujours à « ça aussi, ça passera ». J’ai réfléchi à l’impermanence des choses, quelles qu’elles soient. Les relations, les biens matériels, les succès et les échecs… à un moment donné, rien de tout ça n’existera plus, peu importe qui vous êtes. C’est un rappel que nous ne sommes pas définis par ce que nous possédons ou ce que nous avons. La gratitude, la famille et le contentement sont des choses qui durent. Et de cela, je suis reconnaissant.