Le Mot du cœur se veut un lieu pour exposer les réflexions des membres du personnel sur des questions qui comptent pour eux, pour notre réseau et, plus important encore, pour les personnes que nous accompagnons.
Maxine Robert, adjointe à la direction et cheffe de bureau, nous fait part de ses réflexions sur les raisons pour lesquelles l’inclusion est importante pour elle, et de ses espoirs pour l’avenir en tant que membre de la communauté LGBTQ+.
Maxine, parlez-nous un peu de votre parcours et de la façon dont vous vous identifiez aujourd’hui.
J’ai grandi dans une famille très catholique et je pense que j’ai en quelque sorte repoussé mes sentiments et mes idées sur la sexualité, et par conséquent mon identité, parce qu’ils ne correspondaient pas à la réalité dans laquelle j’évoluais. De plus, je ne connaissais pas d’autres personnes qui s’identifiaient homosexuelles. En vieillissant, dans la vingtaine, je me suis rendu compte que j’étais peut-être plus fluide que je ne le pensais. Puis, lorsque les gens autour de moi ont commencé à faire leur « sortie du placard », j’ai commencé à réfléchir à qui j’étais et à ce que cela signifiait.
Puis j’ai rencontré Chantale, ma compagne depuis maintenant 22 ans. Elle s’identifie comme lesbienne, mais moi, je n’aime pas les étiquettes. Les choses ne sont pas si tranchées pour moi. Parfois, je dis que je suis lesbienne parce que c’est plus facile à comprendre pour les gens. Je préfère simplement les gens aux étiquettes. J’aimerais que toutes les personnes soient et se sentent acceptées tel qu’elles sont.
Vous avez parlé d’étiquettes, qui peuvent être source de confusion pour les gens. À votre avis, pourquoi sont-elles si importantes pour les membres de la communauté LGBTQ+?
J’aimerais tellement que les étiquettes ne soient pas nécessaires. Vraiment. Il y a beaucoup de lettres dans l’acronyme LGBTQ+ (lesbiennes, gais, bisexuels, transgenres, queer et « plus », signifiant d’autres identités), et d’autres s’y ajoutent encore au fur et à mesure que la société évolue. Je comprends que les gens tiennent parfois à ce que « leur lettre » soit visible, car ce sont des personnes qui ont souvent l’impression de n’avoir jamais été vraiment vues. Cela signifie beaucoup pour elles d’être incluses. Mais j’espère qu’un jour, il n’y aura plus de lettres, plus d’acronymes. Nous pourrons simplement apprendre à nous connaître et nous n’aurons pas à faire entrer tout le monde dans une catégorie.
En parlant d’inclusion, comment cela s’est-il passé pour vous de vous afficher ouvertement gaie auprès de votre famille et dans la communauté?
De manière générale, je suis très chanceuse. Ma famille et mes amis m’appuient beaucoup. J’ai connu des moments difficiles dans tous les aspects de ma vie, mais je dois dire qu’au travail, les défis ont été particulièrement difficiles à relever. Il m’est arrivé d’avoir dû quitter un emploi parce que je ne me sentais pas capable d’améliorer ou de changer les choses pour que moi ou d’autres personnes puissions nous sentir pleinement respectées. C’était très difficile à accepter.
Au quotidien, les gens ont tendance à penser que je suis mariée et que j’ai des enfants, et sont parfois surpris d’apprendre que mon conjoint est une conjointe. Certains sont choqués, d’autres sont gênés ou se sentent mal à l’aise d’avoir fait des suppositions. J’ai appris il y a longtemps que les gens peuvent bien penser ce qu’ils veulent de moi, mais que je n’ai pas à porter ce poids. Je sais qui je suis et ce qui est bon pour moi.
Cela dit, Chantale et moi avons tendance à faire attention en public. En tant que couple, si nous voyons un drapeau de la fierté, nous savons que nous sommes les bienvenues. Si nous voyons des couples gay se tenir par la main, nous savons que nous pouvons le faire aussi. Nous ne sommes pas très portées sur les démonstrations d’affection en public, mais c’est peut-être parce qu’en tant que lesbiennes, nous n’avons pas toujours eu l’impression de pouvoir le faire en toute sécurité. L’inclusion est importante pour nous : elle signifie que nous sommes libres d’être pleinement nous-mêmes. Nous pouvons vivre comme nous l’entendons sans avoir à être constamment prudentes ou aux aguets.
Quels sont vos espoirs pour l’avenir en ce qui concerne l’acceptation et l’inclusion des personnes LGBTQ+?
Je regarde les jeunes générations et je trouve qu’elles se débrouillent très bien. Elles ont des groupes scolaires, du soutien par les pairs, des drapeaux de la fierté en démonstration ici et là, entre autres. Je n’avais rien de tout cela quand j’étais jeune. L’adolescence est déjà assez difficile sans avoir à subir le stress de la « sortie du placard » et l’obligation d’assumer une identité sexuelle, alors je suis heureuse que les choses changent pour eux.
Chaque personne a une histoire différente et sa propre vision du monde. Nous ne voyons pas tous les choses de la même manière. Même au sein de la communauté LGBTQ+, il existe une grande diversité d’opinions. Je connais des personnes homosexuelles qui sont religieuses et vont à la messe tous les dimanches, et d’autres qui n’y ont jamais mis les pieds.
Ayant grandi dans le catholicisme, je réfléchis parfois à l’inclusion au sein de l’Église, et à ce que je sais être vrai. Jésus était un paria; il aimait, accueillait les pauvres, les vulnérables et les laissés-pour-compte. De mon point de vue, les messages de la Bible sont clairs et nets : Aimez-vous les uns les autres. Donc acceptez-vous les uns les autres. C’est à cela que je m’accroche. J’espère que l’Église continuera à évoluer dans la direction de l’inclusion et de l’acceptation.
De façon générale, même aujourd’hui au Canada, il me semble que l’acceptation l’un envers l’autre semble s’éroder. Chaque jour, des actes de violence et de discrimination ouverte sont perpétrés à l’encontre de la communauté LGBTQ+ ou d’autres communautés marginalisées. Nous avons encore beaucoup de travail à faire en tant que société, et pour soutenir les gens dans d’autres pays également.
Il y a une place pour nous tous dans ce monde. Il s’agit simplement de la trouver.