La pandémie nous a rappelé de manière frappante ce que les fournisseurs de soins de première ligne savent depuis toujours : l’isolement est l’une des manières les plus difficiles de vivre. Pour cette raison, Réseau Compassion Network (RCN) a investi 150 000 $ dans une subvention de deux ans attribué à St.Amant afin de développer un modèle pour la création de liens significatifs pour les personnes desservies qui pourrait par la suite s’appliquer au sein de nos organisations membres.

Jennifer Kilimnik, directrice, compassion et culture au RCN, travaille en étroite collaboration avec des membres de notre réseau en vue de trouver des idées et des mesures de soutien pour la création de liens dont chaque personne a besoin pour ressentir un sentiment de plénitude. « Tout a commencé par une simple question, explique-t-elle. Comment pouvons-nous en tant qu’organismes aider à briser l’isolement des gens que nous soutenons? Une membre du comité a répondu que, selon elle, tout le monde a besoin de savoir qu’au moins une personne sera toujours là pour elle. Quelqu’un qui répond au téléphone durant une journée pénible ou qui appelle pour voir si ça va bien. Voilà quel a été notre point de départ. »
De son côté, St.Amant explore simultanément la création de liens enrichissants pour les adultes et les enfants qui reçoivent du soutien et qui ont des déficiences développementales ou un trouble du spectre de l’autisme depuis quelques années déjà. « J’ai participé à ce projet lorsque je travaillais à St.Amant et j’ai parlé de ce qu’on essayait de mettre en place », ajoute Jennifer Kilimnik. Le comité a retenu l’idée d’aider les gens à se trouver un loisir ou une communauté à joindre en vue de nouer naturellement de nouveaux liens d’amitié.
Le concept de liens enrichissants (Meaningful Connections) est simple. On forme des travailleurs de première ligne pour accompagner les personnes qui reçoivent des services dans leur recherche d’une communauté d’appartenance. Grâce à la subvention, St.Amant embauchera deux personnes responsables de coordonner ce volet et d’élargir la portée de la formation. Elles verront à ce que toutes les personnes qui font partie de la vie de ceux et celles qui reçoivent du soutien à St.Amant, employés et membres de la famille, soient encouragés à utiliser des moyens novateurs et créatifs pour créer des liens.
« Un bel exemple de moyens innovant sera une femme soutenue par St.Amant qui s’occupera des réseaux sociaux de l’organisation pendant une semaine, explique Jennifer Kilimnik. Elle pourra ainsi partager ses talents et ses points de vue avec un auditoire vaste et faire des choses qui lui fait plaisir. Voilà ce que nous recherchons dans la réciprocité. Il s’agit de créer des liens autour d’intérêts communs et d’apprendre réellement les uns des autres. »
« St.Amant sollicitera l’aide de fournisseurs de soutien direct qui sont déjà très doués pour ce genre d’approche, explique Kilimnik. Ils commencent par la communauté des personnes ayant une déficience, mais ce ne sont certainement pas les seules personnes à souffrir de solitude. Une partie de ce projet sera de voir à adapter ces connaissances et cette expérience en vue d’offrir du soutien aux personnes qui reçoivent des soins de longue durée ou du soutien en santé mentale par exemple, au sein de d’autres organisations membres du Réseau Compassion Network. »
Jennifer Kilimnik insiste sur le fait que la recherche de tels liens est souvent une simple question d’exploration. « Plutôt que d’aller prendre un café toujours au même Tim Horton au coin de la rue, pourquoi ne pas aller dans un café un peu plus loin de chez vous, suggère-t-elle. Essayez quelque chose de différent pour voir si une étincelle ou une interaction peut mener plus loin. Quelqu’un pourrait ainsi découvrir une nouvelle idée ou un nouvel intérêt. Les fournisseurs de services directs peuvent faire une grande différence en évitant de prendre ces décisions à la place des personnes qui reçoivent des services et peuvent choisir plutôt les accompagner alors qu’elles cultivent leurs propres intérêts. »
Jennifer Kilimnik voit avec cette subvention de grandes possibilités pour l’avenir. « Et si on pouvait créer une communauté de gens qui ont tous la même vision concernant la création de liens?, se demande-t-elle. À quoi cela pourrait-il ressembler? Si nous étions tous prêts à aider les autres à créer les liens dont ils ont besoin, comment se sentirait-on dans nos communautés? Si personne n’avait à prendre une décision importante seul ou à passer une semaine sans avoir un échange enrichissant, n’aurions-nous pas un monde meilleur? Voilà ce qui vaut la peine de vouloir atteindre. »