Un spécialiste de vérité et réconciliation à l’Hôpital Saint-Boniface

31 octobre, 2023 | Hôpital Saint-Boniface

Ryan Thomas occupe le poste de spécialiste de vérité et réconciliation à l’Hôpital Saint-Boniface depuis mai 2023. Cette fonction, financée par la Fondation de l’Hôpital Saint-Boniface, est une nouveauté au sein de l’organisation. Après quatre mois en poste, Thomas s’est entretenu avec le Réseau Compassion Network (RCN) pour expliquer ce qui l’intéresse dans ce travail, ce qu’il constate jusqu’à présent et ce qu’il envisage pour l’avenir.

RCN : Avant de travailler à l’Hôpital Saint-Boniface, vous étiez spécialiste des interventions auprès des communautés autochtones à la Croix-Rouge canadienne, où vous aidiez les gens en temps de catastrophes naturelles ou autres crises. Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce nouveau rôle de vérité et réconciliation en milieu hospitalier?

Ryan Thomas : Historiquement, les populations autochtones n’ont pas toujours eu accès à des soins de santé de qualité. C’est une longue histoire qui comprend les pensionnats, la création de réserves et la vie dans des régions isolées. Lorsqu’on sort d’une petite communauté qui nous est familière et dans laquelle on se sent à l’aise et qu’on doit se rendre en ville pour obtenir des soins de santé sans soutien, c’est difficile. Les prestataires de soins de santé doivent comprendre les défis auxquels ces patients sont confrontés.

Nous voulons un système de soins de santé qui offre des services égaux à tous. Tout le monde doit être traité équitablement. La couleur de votre peau ne doit pas avoir d’importance. Cela dit, nous voulons reconnaître les différences culturelles. C’est ce que représente le Canada dans son ensemble. C’est un pays très diversifié. Cette diversité se retrouve au sein de notre personnel et de nos patients. Toutes les cultures sont représentées à Saint-Boniface.

RCN : Comment commencerez-vous, avec l’équipe de l’Hôpital Saint-Boniface, à apporter des changements qui tiennent compte de tout ce contexte historique et culturel?

RT : Tout d’abord, je tiens à dire que mes collègues sont tous vraiment formidables. Je sens chez eux un désir sincère d’améliorer la situation. Et quand je parle d’améliorer la situation, je ne veux pas minimiser toutes les bonnes choses qui se produisent déjà. La réconciliation est un cheminement que nous entreprenons tous ensemble ici au Manitoba et au Canada, et qui se poursuivra encore longtemps.

Quand je suis arrivé en poste, j’ai découvert qu’il y avait déjà des cérémonies mensuelles de purification par la fumée dans l’atrium Everett. Nous avons également une salle de purification intérieure à la disposition des patients. J’étais ravi de voir cela, et heureux de ne pas partir de zéro. Je comprends qu’il est parfois difficile de changer les choses,  mais il s’agit là de premiers pas importants.

Ceci dit, nous envisageons entre autres d’augmenter la représentation autochtone au sein du personnel, car c’est un moyen important de favoriser la réconciliation. Nous entretenons d’excellentes relations avec le département Santé des Autochtones, par l’intermédiaire de l’Office régional de la santé de Winnipeg, qui a réalisé un travail considérable que nous pouvons poursuivre à l’Hôpital en ce qui a trait à la planification des sorties, aux soins spirituels et aux relations avec les patients. Il est également possible de créer un espace de cérémonie supplémentaire sur place, peut-être en endroit en plein air où nous pourrions allumer un feu sacré, par exemple.

RCN : Outre la volonté du personnel d’apporter des changements pour créer des espaces plus sûrs pour les patients autochtones, qu’est-ce qui vous donne de l’espoir ces jours-ci?

RT : Je suis heureux d’être installé en permanence à Winnipeg avec ma femme et mes trois enfants. Dans le cadre de mon poste à la Croix-Rouge, j’étais souvent loin de chez moi, ce qui était très difficile pour nous tous. À titre personnel, je trouve ce rôle très important aussi. Mon père est originaire de la nation des Cris de Nisichawayasihk (près de Nelson House, au Manitoba), et ma mère est ojibwée et ukrainienne. Dès mon plus jeune âge, j’ai appris à connaître les droits découlant des traités et la culture, et aujourd’hui, je peux aider les autres à mieux comprendre et à mieux servir les populations autochtones. Je me réjouis de l’avenir.