Un nouveau groupe de soutien par les pairs voit le jour

24 juin, 2022 | Sara Riel

Encore une fois, Sara Riel comble une lacune au chapitre des services en santé mentale à Winnipeg. Les services de soutien, plus particulièrement le soutien par des pairs, sont essentiels pour que les personnes atteintes de schizophrénie puissent vivre pleinement leur vie. Avec la pandémie qui perd de la vigueur et les changements qui se produisent dans le secteur du soutien en santé mentale, Sara Riel a créé un Programme de soutien par les pairs destiné aux personnes atteintes de schizophrénie pour qu’elles puissent avoir un endroit où trouver une communauté, du soutien et de l’entraide.

« L’un des plus grands malentendus concernant la schizophrénie est que les gens vivent un dédoublement de la personnalité, alors qu’en fait, il s’agit d’une déconnexion d’avec la réalité, explique Robert Neville, un intervenant en services de soutien aux pairs auprès de Sara Riel qui a lui-même vécu ce problème de santé mentale. En raison de la stigmatisation et de la peur entourant la schizophrénie, de nombreuses personnes vivant avec ce problème se sentent seules dans leur cheminement. Nous voulons changer les perspectives. Il faut voir que la situation relève d’une cause médicale et que ce n’est pas quelque chose qui nous arrive. Une fois que j’ai compris que mes hallucinations auditives n’étaient pas causées par une mauvaise blague dont j’étais victime et qu’elles avaient plutôt une cause médicale, j’ai commencé à avoir de l’espoir. En effet, un diagnostic médical signifiait que je pouvais gérer la situation. »

Durant la pandémie, la plupart des groupes de soutien pour les personnes atteintes de schizophrénie ont été mis sur pause et, à peu près au même moment, la Société manitobaine de la schizophrénie a changé d’orientation pour se concentrer sur le soutien par les pairs pour les personnes vivant avec tout problème de santé mentale, créant ainsi une importante lacune sur le plan des services. « La pandémie a exacerbé le sentiment d’isolement ressenti et a entraîné une coupure dans de nombreux liens et services de soutien social, poursuit M. Neville. Nous avons créé un lieu où les gens peuvent être eux-mêmes. Nous ne donnons pas de conseils, nous échangeons et nous nous entraidons. Nous avons fait beaucoup d’efforts pour créer un milieu sûr et accueillant. »

Suzanne Routledge, une autre intervenante en services de soutien aux pairs qui a vécu cette expérience, ajoute ceci. « Quand on est déjà passé par là, on ne juge pas. Voilà. C’est ce qui est le plus important. On a vécu la même chose et on ne juge pas les autres. »

Le groupe, qui se réunit toutes les deux semaines, au 66, rue Moore à Saint-Vital, compte encore peu de membres, mais prend de l’ampleur. « Nous recevons de deux à quatre personnes par semaine, explique Robert Neville. Pour notre petit groupe, ces rencontres font une grande différence. De nombreuses personnes atteintes de schizophrénie sont en situation d’invalidité ou en chômage et n’ont pas beaucoup de choix dans la vie. Pire encore, leurs choix ne sont pas reconnus. Nous essayons de nous encourager les uns les autres pour devenir autonomes et pour faire ce qui est bon pour nous. »

Suzanne Routledge, qui travaille comme intervenante en services de soutien aux pairs depuis plus de sept ans, est aussi d’avis que l’impact d’un tel groupe est vital. « C’est un endroit qui nous permet d’échanger. Un endroit où on peut commencer à rêver, à espérer, sans jugement. Nous sommes humains, vous savez. Nous n’avons pas cherché à avoir ce problème. »

Même si les problèmes liés à la schizophrénie peuvent inclurent des hallucinations, des difficultés de concentration, des propos désorganisés, etc., l’obstacle le plus dur à surmonter est souvent la façon dont les personnes qui vivent avec ce problème sont traitées. « Je peux me sentir très frustré lorsqu’on me traite avec condescendance à cause de cet enjeu de santé mentale, explique Robert Neville. Je tiens beaucoup à mon autonomie et je n’aime pas être traité comme si je suis moins respectable ou comme si mes choix ne comptent pas. Nous sommes donc là pour nous donner des moyens. Nous créons un sentiment d’appartenance. »

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Si vous ou une personne que vous connaissez aimeriez participer à ce groupe de soutien par les pairs, veuillez communiquer avec Sara Riel, au numéro 204-237-9263 ou à l’adresse info@sararielinc.com.