Angela Blouin est consultante en allaitement au Centre Youville depuis 18 ans et se réjouit de voir les services à la famille prendre de plus en plus d’importance. « À titre de professionnels de la santé publique, je crois que nous avons réussi à passer le message que l’allaitement est l’une des meilleures choses que l’on puisse faire pour un bébé », dit-elle. « Mais cela met beaucoup de pression sur les femmes. Et ce n’est pas que le travail d’une femme. Il y a beaucoup de soutien que l’on puisse offrir à la famille dans son ensemble ».
Des programmes de soutien des pairs, des visites à domicile et d’autres formes de soutien ont dû être interrompus durant la pandémie, alors que les infirmiers(ières) de santé publique ont dû être relocalisés à des tâches liées à la Covid-19. « Lorsque nous avons pris conscience des impacts sur ces services, nous savions que nous devions agir », raconte Angela Blouin. « Entre nous, le personnel au Centre Youville, nous avons réorganisé nos horaires afin de pouvoir offrir 12 rendez-vous par semaine, comparativement à 2 à 4 que nous offrions avant la pandémie ».
Ces plages horaires supplémentaires se sont avérées très importantes pour les familles qui peinent à trouver le bon rythme et la routine de leur bébé. « Certains de nos clients sont des personnes vulnérables », explique l’infirmière. « La semaine dernière, j’ai travaillé avec une jeune immigrante qui vient tout juste d’arriver au Canada avec son jeune enfant et un nouveau-né. Son mari n’est pas encore au pays et elle ne peut pas conduire. Elle n’a pas de repères ou de soutien ici. C’est le genre de personne qui a vraiment besoin d’une visite à domicile ».
Trouver l’équilibre entre les visites à domicile et la sécurité en lien avec la pandémie a été un exercice intéressant. « J’ai créé des vidéos qui expliquent certains sujets comme la prise du sein du nouveau-né », poursuit Angela Blouin. « Nous commençons donc avec un appel et nous revenons ensemble sur la vidéo. Nous parlons de solutions qui peuvent être envisagées. Si ça fonctionne, tant mieux ! Sinon, on évalue la possibilité de faire une visite à domicile, tout en suivant les règles sanitaires. J’ai été agréablement surprise de remarquer que pour environ 30% de nos rendez-vous, l’appel et les vidéos suffisent ».
Les impacts sur l’expérience de l’allaitement d’une famille d’un consultant en allaitement sont incalculables. Dans une société où l’on s’attend à ce qu’une femme allaite son enfant, mais où l’on continue à cacher le processus et à le maintenir secret, il peut être difficile de trouver les informations requises. « Dans les cultures où l’allaitement est la norme et que c’est valorisé, les consultants en allaitement n’ont pas de raison d’être », conclut l’infirmière. « À Winnipeg, certaines femmes nous disent qu’elles n’ont jamais reçu de soutien pour leur choix ou la préférence de leur bébé. Être présent pour écouter et offrir des conseils peut être très rassurant pour ces familles. Avec le soutien nécessaire, il est possible d’avoir une bonne expérience et de créer un lien sain avec leur bébé ».