Obligations à impact social : une experience d’apprentissage pour Marymound

20 décembre, 2024 | Articles, Marymound

Lorsque la province du Manitoba a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour la mise en œuvre d’un nouveau programme – financé par une obligation à impact social – dans le but de réduire l’implication des jeunes dans le système judiciaire, Marymound a passé beaucoup de temps à discuter de la question à savoir s’il pouvait être le bon candidat pour mettre en œuvre le programme.

« Nous savions que nous pouvions créer un programme et un moyen de mobiliser les jeunes et les familles afin que leurs opinions soient prises en compte dans tout ce qui se passe », explique Nancy Parker, directrice exécutive de Marymound. « Nous voulions surtout nous assurer que les jeunes autochtones étaient connectés à leur culture et à leur communauté, ce qui signifiait que l’initiative serait dirigée par des Autochtones. Le processus de sélection et les conversations au sein de la communauté nous ont clairement fait comprendre que cela était essentiel. »

Une obligation à impact social, dans ce cas, signifie que les investisseurs soutiennent le programme et reçoivent un rendement sur leurs investissements si le programme s’avère fructueux. Dans ce cas, cela signifie moins de jours d’incarcération pour les jeunes.

Nancy Parker

Marymound a été sélectionné pour réaliser le programme, puis l’annonce officielle a été faite et couverte dans les médias locaux. Le lendemain, le Winnipeg Indigenous Executives Circle (WIEC) a réagi dans les médias, exprimant son inquiétude et sa consternation face au processus de sélection et au concept même du projet.

« Nous nous sommes entretenus avec les coprésidents du WIEC, qui ont déclaré que le processus de création du programme n’était pas équitable, et c’est ce message que nous avons transmis à la province, étant donné notre rôle en tant qu’alliés », poursuit Nancy Parker. « Fondamentalement, ils n’étaient pas d’accord avec l’idée de mélanger des récompenses pécuniaires avec le bien-être des jeunes. Ils nous ont demandé très directement de prendre du recul, et nous les avons écoutés. Nous nous sommes alors tournés vers la sous-traitance. »

Finalement, la Manitoba Keewatinowi Okimakanak (MKO), une organisation de défense des intérêts politiques qui représente 26 communautés autochtones de la province, a été choisie pour mettre en œuvre le programme. « Ils font un travail formidable en proposant le programme aux jeunes de Winnipeg et de Thompson », poursuit Mme Parker. « Ils ont adopté une approche très universelle du programme et l’ont rendu accessible à tous les jeunes, qui peuvent s’y inscrire d’eux-mêmes. »

Malgré la réflexion et la collaboration dont Marymound a fait preuve lors de la conception du programme, de nombreux constats ont pu être faits. « La pandémie a été une période très difficile pour tout le monde, et nous avons procédé à de nombreuses consultations virtuelles, mais nous savons maintenant que nous devions cultiver de meilleures relations au niveau local, et ce avant de poser notre candidature », conclut Mme Parker. « Nous sommes en 2024 et nous vivons tous ensemble sur cette terre. En tant qu’organisation non autochtone qui fournit des services aux populations autochtones, nous devons faire preuve d’humilité, reconnaître nos erreurs et les réparer. C’est terrible de faire du mal, même par inadvertance. Ce programme a toujours été destiné aux jeunes et ceux-ci en bénéficient, comme nous l’espérions. C’est ce qui compte le plus. »

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