Ma mère m’a appris beaucoup de choses en menant par l’exemple. Lorsque j’étais plus jeune, elle m’emmenait avec elle lorsqu’il fallait voter, lorsqu’elle donnait de son sang ou encore lorsqu’elle faisait du bénévolat au sein de la communauté. Lorsque je suis devenue adulte et que j’ai adopté certaines de ces habitudes, je l’ai remercié de m’avoir donné l’exemple d’une façon d’être centrée sur la communauté. Elle a eu cet air un peu déconcerté pendant quelques secondes, puis a secoué la tête et a dit : « Joce, je ne voulais simplement pas payer une gardienne, c’est tout. »

Si vous connaissez ma mère, vous ne serez pas surpris par cette réponse. C’est une femme pragmatique. Elle s’appelle Patricia Lemoing et, oui, elle a travaillé chez Actionmarguerite avant de prendre sa retraite. Ma mère et moi avons travaillé au sein de quatre organisations du Réseau Compassion Network. Qu’est-ce que je peux dire ? Nous parlons français, nous aimons aider et nous préférons les trajets courts de la maison au boulot!
Elle et mon père sont propriétaires d’un immeuble à logements locatifs dans le centre-ville de Winnipeg. Comme nous tous, elle a remarqué un changement au cours des dernières années. Il y a plus de personnes en détresse et dans le besoin ; il y a plus de personnes qui font de leur mieux pour s’en sortir sans les aides et les soins dont elles ont besoin pour s’épanouir.
Beaucoup de gens se seraient détournés de ce qu’ils voyaient. Ils auraient pu décider que ce n’était pas à eux de résoudre le problème, que c’était dangereux, qu’il fallait ignorer les difficultés autour d’eux parce que tenter de trouver des solutions semblent insurmontables.
Alerte, spoiler : pas Pat.
Ma mère se rend dans le quartier avec son sac à ordures et sa pelle presque tous les jours. Elle a fait la connaissance de nombreux résidents de l’immeuble, ainsi que de nombreuses personnes vivant le long des berges ou dans les abris situés à proximité. Elle a appris à connaître les ressources disponibles et les personnes qu’elle pouvait appeler pour obtenir de l’aide. Elle a posé des questions sur les problèmes vécus dans le quartier et a essayé de trouver des solutions.
Ce dont je suis le plus fière, c’est qu’elle a rencontré chaque personne du quartier exactement là où elle se trouve à ce point-ci dans sa vie. Elle parle aux jeunes de l’école secondaire voisine, aux personnes qui essaient de trouver des objets de valeur dans les poubelles et au personnel du refuge. Elle apprend, elle est curieuse et elle est ouverte.
La situation n’est pas parfaite. Je suis une habitante du centre-ville et je le vois aussi : la détresse et le désespoir ne cessent de croître. Mais devinez ce que je fais ? Comme ma mère, je parle aux gens. Je leur souris quand je les croise sur le trottoir. Je m’arrête pour prendre des nouvelles de ceux qui se reposent sur les bancs et je tente même quelques plaisanteries avec eux. Je fais preuve de toute la courtoisie possible parce que ce sont aussi mes voisins. Parce que c’est ma communauté.
Mais surtout, je le fais parce que Pat m’a appris à le faire. Et en ce mois de mai, à l’occasion de la Fête des mères, je salue toutes les mamans qui ont appris à leurs enfants à mener une vie empreinte de gentillesse et de compassion. À Pat et à toutes celles qui lui ressemblent !