Le Mot du cœur se veut un espace de réflexion. Les membres du personnel peuvent y parler des questions qui comptent pour eux, pour notre réseau et, plus important encore, pour les personnes que nous accompagnons.
Ce mois-ci, notre directeur des Initiatives stratégiques, Paul Vermette, nous raconte comment les nouveaux modèles socioéconomiques, combinés à l’héritage laissé par nos Sœurs fondatrices, ont mené le Réseau Compassion Network à adopter une nouvelle façon de déterminer comment mieux répondre aux besoins des personnes que nous servons.
À l’automne 2021, j’ai eu l’occasion de participer à la révision des lignes directrices qui définissent notre façon de répondre aux besoins non satisfaits au sein du Réseau Compassion Network (RCN). Trouver des moyens efficaces et adéquates d’adresser les besoins non satisfaits a toujours été prioritaire pour nous. Les religieuses s’en occupaient minutieusement et elles nous ont demandé de poursuivre ce travail d’importance en nous confiant leur œuvre.
Cela étant dit, les besoins dans le monde sont pratiquement infinis. Alors, comment déterminer ceux auxquels nous allons dévouer nos efforts? Nous avons toujours été confrontés à un tel questionnement.
Ce serait plus simple si nous pouvions utiliser une formule rigide, mais nous savons que le monde ne suit pas une trajectoire structurée. Les religieuses ne répondaient pas aux besoins en observant des critères stricts non plus.
J’ai toujours aimé écouter Sœur Carol Zinn. Elle a décrit la vie religieuse comme une réponse radicale aux messages de l’évangile, dans un contexte culturel et historique particulier. Selon elle, nous sommes appelés à répondre aux besoins du monde d’aujourd’hui, pas aux besoins d’il y a 10, 50 ni même 100 ans. Des directives rigides, ou la continuité des activités déjà en place, ne suffiraient donc pas. Nous devons aller là où se trouvent les besoins. Voilà un principe directeur qui me guide dans mon rôle.
Revenons à la question qui nous préoccupe : déterminer des lignes directrices qui nous aideront à nous concentrer sur les besoins auxquels nous allons répondre.
Je me suis assis avec Denise Bélanger, une de nos consultantes, pour faire appel à son expertise. Nous avions déjà discuté des déterminants sociaux de la santé à de nombreuses reprises dans la perspective d’arrimer notre travail. En ce qui concerne la recherche et l’approche moderne en matière de changement social, les déterminants visent en plein dans le mille, mais ils gardent quand même un caractère général.
Denise a aussi parlé de quelques autres concepts de constructions sociales, notamment celui de la pauvreté complexe. Ce phénomène explique bien d’où proviennent les multiples besoins non satisfaits dans la société et donne ainsi des pistes de solutions et d’action qui correspondent à nos valeurs d’aide, d’équité et de justice sociale. Comprendre la pauvreté complexe apporte un ensemble de principes qui nous aident à fixer des balises.
La pauvreté complexe n’est pas qu’un simple manque d’argent. Il est question de la complexité de la vie des gens et de l’interaction entre les nombreuses facettes de leur réalité. La santé mentale, physique et spirituelle des gens est déterminée par leur réalité personnelle dans laquelle des déterminants de la santé sont interreliés, et une grande partie de ceux-ci échappent à leur contrôle.
Nous avons testé ce concept avec toute l’équipe du RCN lors d’une rencontre en novembre 2021. Cette rencontre a donné lieu à de nombreuses discussions enrichissantes, à de nouvelles idées, et à des perspectives innovantes. Nous avons compris que nous avions trouvé le modèle recherché qui baliserait nos décisions et conséquemment nos actions futures.
Au final, nous n’avons pas découvert l’insuline ni dévoilé de vérité profonde sur le monde n’ayant jamais été exprimée. Les Sœurs avaient compris cela il y a bien longtemps et l’avaient défini dans leurs charismes. Nous avons simplement trouvé une nouvelle façon d’exprimer nos valeurs et de nous permettre de les mettre en application. Le concept de la pauvreté complexe nous fournit un langage laïque utile pour faire le rapprochement entre les valeurs qui nous unissent et les connaissances actuelles apportées par la science et la recherche.
Le combat pour la justice sociale, être présent dans la communauté et utiliser les talents que nous avons reçus pour niveler le terrain de jeu de la vie : voilà les choses en lesquelles RCN croit et qui font écho dans ma propre boussole morale.
C’est la possibilité de travailler avec des personnes comme Denise et d’être guidé par des personnes comme Sœur Zinn, qui partagent ces mêmes valeurs, qui me garde motivé chaque jour. Alors que nous nous attaquons ensemble à la pauvreté complexe et que nous accompagnons les personnes qui ont besoin de notre aide, je suis toujours reconnaissant du rôle que j’ai à jouer dans cette importante mission.