Le mot du cœur

28 avril, 2023 | Le mot du cœur

Le Mot du cœur se veut un espace de réflexion. Les membres du personnel peuvent y parler des questions qui comptent pour eux, pour notre réseau et, plus important encore, pour les personnes que nous accompagnons.

Ce mois-ci, Jocelyne Nicolas, notre spécialiste en communication, réfléchit à la façon de trouver de l’espoir dans un monde qui semble parfois accablant, à la gratitude et au courage, et aux raisons pour lesquelles son rôle au sein du Réseau Compassion Network a été un cadeau dans les moments difficiles.

Je songe beaucoup à l’espoir depuis quelque temps. Face à l’agitation croissante et aux grandes fractures économiques et sociales dans le monde, il m’est de plus en plus difficile de garder foi en l’avenir, de croire encore à la possibilité que tout finira par s’arranger. Je ne veux pas encore perdre espoir, alors je fais comme toute personne qui œuvre dans les communications : je demande aux autres ce qu’ils et elles font, je recueille des histoires et des idées, et j’essaie de donner un sens à tout cela.

J’ai récemment assisté à une présentation de Climate Change Connection (CCC) à la Résidence Despins. J’étais là pour observer et rédiger un article pour notre bulletin, mais je n’ai pas pu m’empêcher de demander aux employés de CCC : « Avec tout ce que vous savez et tout ce qui se passe, comment faites-vous pour garder espoir? Où puiser l’énergie pour continuer? »

Les deux personnes chargées de s’exprimer au nom de CCC ont répondu spontanément : il faut se concentrer sur les solutions. Kurt est un expert en politiques; il trouve du réconfort dans la recherche de la meilleure voie à suivre et crée le cadre, la structure et l’analyse des coûts à présenter aux administrations publiques, aux entreprises et aux organisations. Susan œuvre auprès des étudiants et trouve dans leur engagement des raisons d’espérer. C’est en parlant de solutions, plutôt que de problèmes, que les jeunes s’investissent le plus. Les données scientifiques sont terrifiantes, mais les possibilités d’avenir leur donnent de l’espoir.

Une de mes amies, Tessa, est directrice générale de la Siloam Mission et je lui ai posé la même question il y a quelques mois, alors que nous parlions de logements de transition. « Comment fais-tu pour continuer à te lever chaque matin et à te battre pour des choses pour lesquelles nous ne devrions pas avoir à nous battre? Où trouves-tu l’espoir? »

Tessa avait une réponse toute simple, elle aussi. « Oh, je ne cherche pas l’espoir. Ce n’est pas quelque chose de réel pour moi. Je crois au courage. Je me réveille tous les jours en sachant qui je suis, ce en quoi je crois, et je travaille aussi fort que je peux pour nous aider à aller de l’avant. Je ne pourrais pas continuer à faire ce travail si je me contentais d’espérer que les choses iront mieux. J’ai besoin de savoir que mes efforts contribuent à ce que la situation s’améliore concrètement. »

Dans l’univers des communications où j’évolue, les temps sont également difficiles. Mes collègues d’autres secteurs doivent absorber la haine, le racisme, la colère et les insultes qui accompagnent la gestion des médias sociaux et le travail avec les médias en général. Il est difficile de se rappeler qu’il existe des personnes raisonnables, gentilles et compatissantes quand on ne voit partout que de la négativité.

Œuvrer dans les communications au Réseau Compassion Network m’a épargné ces désagréments (et je touche frénétiquement du bois, en espérant que je n’aurai jamais à subir ça). J’ai le réel privilège d’occuper un emploi qui est bon pour ma santé mentale. Chaque mois, je m’entretiens avec des employé(e)s de première ligne qui ont pour fonction de faire le bien, de traiter les autres avec dignité, d’accompagner les gens sans leur dicter de solutions, et de se pencher sur la vie des personnes que la société a parfois laissées pour compte, en s’intéressant réellement à elles.

Alors, même si j’ai parfois du mal à trouver l’espoir, j’apprends que je peux toujours éprouver de la reconnaissance. Je peux ressentir de la gratitude et de l’admiration envers les personnes qui œuvrent dans notre réseau. Je peux rendre grâce aux mains secourables qui sont à l’œuvre partout (même si on ne les voit pas toujours). Je peux accueillir comme une bénédiction le fait de travailler dans un secteur où l’espoir et le courage se côtoient, et où nous nous soutenons mutuellement du mieux que nous pouvons. Je peux dire merci pour la compassion qui règne encore dans nombre de lieux paisibles. Il est difficile d’espérer la paix, la nuance et la rationalité, mais il est beaucoup plus simple d’espérer que nous, en tant que « coalition de volontaires », continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir et qu’au bout du compte, ce sera suffisant.

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