L’Hôpital Saint-Boniface est fier d’être le premier établissement canadien de soins aigus à mettre en place un kiosque offrant gratuitement et sans jugement du matériel de réduction des risques et des méfaits. La grande machine, qui ressemble à un distributeur automatique et fonctionne comme tel, est désormais installée en permanence dans le nouveau service des urgences de l’Hôpital Saint-Boniface. On y trouve des trousses d’injection de naloxone, des aiguilles stériles, des trousses de premiers soins, des produits pour des relations sexuelles sécuritaires et des produits d’hygiène féminine.
Pour Katarina Lee-Ameduri, directrice de l’éthique au Réseau Compassion Network et éthicienne clinique à l’Hôpital Saint-Boniface, ce kiosque a pour but d’offrir les meilleurs soins possibles à tous ceux et celles qui en ont besoin, qu’ils vivent sans logement, qu’ils luttent contre la toxicomanie ou qu’ils soient confrontés à des problèmes de santé mentale. « La réduction des risques ou des méfaits consiste avant tout à essayer d’atténuer ou d’éviter des effets secondaires, explique-t-elle. Peut-être que s’abstenir de consommer des substances serait le meilleur choix pour une personne, mais si elle n’est pas encore prête pour cela, aidons-la à éviter de contracter le VIH ou toute autre maladie transmissible, à tout le moins. Jusqu’à ce que les gens aux prises avec des problèmes de dépendances parviennent à arrêter de consommer, nous voulons entre-temps nous assurer qu’ils ne deviennent pas plus malades. »
Katarina Lee-Ameduri insiste également sur le fait que la réduction des risques et des méfaits est une réponse compatissante pour les personnes confrontées à des problèmes de santé mentale et de toxicomanie. « Nous voulons avant tout que les gens vivent des expériences positives tout au long de leur parcours vers une meilleure santé, explique Mme Lee-Ameduri. Nous tenons pour acquis des choses comme se brosser les dents ou avoir quelque chose à manger quand nous avons faim. Mais il s’agit ici d’apporter de la dignité à des personnes qui ne demandent qu’à être propres, en sécurité et le plus confortables possible. Je pense parfois que nous sommes tous et toutes à deux doigts de nous retrouver sans logement. Il suffit parfois que d’une rupture, d’une perte d’emploi ou d’une maladie… »
Mme Lee-Ameduri admet qu’il existe des informations erronées et des craintes concernant l’accès à du matériel de réduction des risques et méfaits, ce qu’elle espère que le kiosque contribuera à combattre. « Par exemple, le port de la ceinture de sécurité en voiture est une forme de réduction des risques, explique-t-elle. Les gens jugent un kiosque comme celui-ci parce qu’il est destiné aux personnes qui consomment des drogues ou qui vivent en marge de la société, mais nous n’y pensons pas deux fois pour ce qui est de boucler la ceinture. Tout le monde mérite d’être en sécurité. »
Selon l’éthicienne, le lien entre la réduction des risques et les soins aigus est tout à fait naturel. « Nous avions et avons encore beaucoup de patients atteints d’endocardite, une infection qui nécessite une nouvelle valve cardiaque, explique Lee-Ameduri. Les personnes qui consomment des substances en utilisant des aiguilles courent un risque accru. Elles sont également plus exposées à la cellulite, une infection cutanée pouvant être associée à la consommation de drogues. Nous avons veillé à adapter le matériel disponible à la population locale, tout en gardant un œil sur la réduction de possibles complications. »
Si l’hôpital est en mesure d’identifier les populations qui ont besoin de soutien, le personnel est conscient que ce soutien doit être offert de la bonne manière pour avoir un véritable impact. « J’espère que les personnes qui utiliseront le kiosque se sentiront soutenues, qu’elles savent qu’il y a des gens qui les voient et qui essaient de les aider d’une manière qui leur permette de conserver leur dignité, déclare Lee-Ameduri. Elles n’ont pas à demander la permission pour utiliser le kiosque, elles n’ont pas à parler à qui que ce soit si elles ne le souhaitent pas. Et cela permet à l’ensemble de notre communauté de comprendre qu’il existe des besoins non satisfaits parmi nous. Peut-être que cela incitera les gens à en parler dans leurs groupes sociaux et sur leur lieu de travail. J’espère que nous pourrons obtenir davantage de soutien pour ce type d’initiatives dans le futur. »
En parlant de soutien, Mme Lee-Ameduri est reconnaissante envers toutes les personnes et organisations qui ont appuyé et travaillé en coulisse pour rendre ce projet de kiosque possible; les partenaires myHealthbox, CANFAR et l’institution financière BMO, jusqu’au personnel de l’hôpital qui a installé la boîte santé, réglé les exigences électriques et ethernet, et au personnel qui gérera le kiosque et en assurera son approvisionnement. « Il y a eu beaucoup de petits détails qui ont été réglés, conclut-elle. Il a fallu des années pour en arriver à finalement réaliser ce projet et il y a tant de personnes à remercier. Mais surtout, l’Hôpital Saint-Boniface est très heureux de pouvoir offrir dignité et un sentiment de sécurité à ceux et celles qui en ont le plus besoin. »heureux de pouvoir offrir dignité et sécurité à ceux qui en ont le plus besoin. »
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