Guérison par l’art autochtone à St.Amant

29 septembre, 2025 | St.Amant

Ce qui a commencé par une rencontre fortuite lors d’une conférence nationale a donné lieu à une initiative significative à St.Amant, intitulée « Exploration spirituelle par l’art ». Ce projet pilote de huit semaines encourage l’art-thérapie avec une perspective autochtone, en réunissant culture, créativité et autonomie pour les personnes vivant avec des troubles du développement.

« Notre praticien en santé spirituelle, Andrew Terhoch, a rencontré la Dre Kendra Rieger, qui tente de créer un réseau Arts for Equity au Canada », explique Lindsay McCombe, directrice du centre de recherche St.Amant. « Andrew réfléchissait à des idées similaires et la Dre Rieger cherchait à établir des partenariats avec des organismes de santé et de services sociaux. Nous avons vu là une occasion de travailler ensemble et, bien sûr, comme elle est issue du milieu universitaire, il fallait qu’il y ait un volet recherche, ce qui nous a vraiment enthousiasmés. »

Lindsay McCombe

Mme McCombe, qui travaille à St.Amant depuis plus de dix ans, a immédiatement adhéré au projet. « J’ai fait l’expérience du pouvoir curatif de l’art dans ma vie personnelle, et je n’aurais jamais pensé que mon univers de la recherche et celui de l’art pourraient se combiner », confie-t-elle. « De plus, il s’agit d’une initiative de recherche nationale, et nous avons la possibilité de faire entendre la voix des personnes handicapées. Il existe un mythe selon lequel la recherche sur les personnes handicapées est trop difficile. Nous travaillons d’arrache-pied pour dissiper ce mythe. »

Le projet « Exploration spirituelle par l’art » a été lancé avec le soutien de gardiens du savoir autochtone tels que Val Vint, une artiste Métis dont la sagesse et les conseils ont été essentiels à la réalisation du projet. « Notre aînée Val dit que l’art est un remède », poursuit Mme McCombe. « Nous faisons de notre mieux pour répondre à l’appel à l’action n° 22 et pour laisser les personnes que nous soutenons diriger ces processus autant que possible. Cela signifie que nous ralentissons le rythme et que nous sommes très attentifs à l’art que nous créons. »

L’appel à l’action n° 22 du rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada stipule que : « Nous demandons à ceux et celles qui peuvent apporter des changements au sein du système de santé canadien de reconnaître la valeur des pratiques de guérison autochtones et de les utiliser dans le traitement des patient.e.s autochtones, en collaboration avec les guérisseurs.euses et les aîné.e.s autochtones, lorsque les patient.e.s autochtones le demandent. »

McCombe explique que les désirs des personnes soutenues par St.Amant, ainsi que leurs capacités, ont façonné le projet pilote, souvent de manière importante. « Nous avions une artiste qui est venue participer, mais qui a ensuite hésité et décidé qu’elle ne voulait plus s’impliquer », se souvient-elle. « Mais Val est une « porteuse de tambour », et lorsqu’elle a amené son tambour… cette femme a changé d’avis et a joué avec beaucoup d’intention. Nous avons commencé à apporter d’autres instruments pour l’encourager, et nous avons ajouté une chanson de bienvenue à notre temps ensemble. Cela signifie beaucoup pour tout le monde maintenant. »

En ce qui concerne la composante recherche, McCombe sait clairement ce qu’elle espère démontrer. « Je veux élargir notre point de vue sur ce qu’est l’art accessible et comment il peut aider », explique-t-elle. « Nous sommes dans une position unique pour le faire, et nous sommes très impatients de faire entendre la voix des personnes vivant en situation de handicap dans la recherche sur l’art-thérapie et d’avoir véritablement notre place à la table des discussions. »

Plus important encore, le projet pilote a déjà un impact sur la manière dont les personnes sont prises en charge à St.Amant. « Il y a une participante, par exemple, qui gratte sans cesse une partie irritée de son corps pour des raisons médicales », explique Mme McCombe. « Son plan de soins actuel consiste à lui faire tenir un oreiller sur cette zone afin de l’empêcher de se gratter. Mais lorsqu’elle a essayé le tambour, c’était la première fois de la journée qu’elle n’essayait pas de gratter sa peau irritée. Son infirmière l’a remarqué et l’a noté dans son dossier comme un autre outil à sa disposition pour surmonter ce défi. »

Lorsque l’art et les soins compatissants s’associent, les bénéficiaires des services en tirent un avantage global. « C’est vraiment incroyable que des infirmier.ère.s viennent apporter leur soutien, apprendre et enrichir les méthodes de soins », conclut McCombe. « Aider quelqu’un à travers une pratique artistique spirituelle ne fait pas partie de leur description de tâches, mais ils et elles s’y investissent pleinement. Nous pouvons tous constater les effets positifs que cela a sur l’humeur et la vie des gens, et nous espérons que la recherche le démontrera également. »

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*Les travaux sur les arts pour l’équité des docteurs Kendra Rieger, Sheryl Reimer-Kirkham et Anne Tuppurainen sont financés en partie par le Conseil de recherches en sciences humaines et les Instituts de recherche en santé du Canada.