Katarina Lee-Ameduri est éthicienne clinique à l’Hôpital Saint-Boniface depuis sept ans, et elle a certainement constaté multiples changements et évolutions au cours de sa carrière en milieu hospitalier. Les séances de formation ont toujours fait partie du service d’éthique des soins de santé, mais elles ont récemment gagné en popularité, passant d’une soixantaine de participants par séance à plus de 300 enthousiastes lors de certaines d’entre elles.
« Lorsque la pandémie a frappé, Lydia Shawarsky, notre spécialiste administrative, a dit qu’elle voyait une opportunité », explique Mme Lee-Ameduri. « Elle s’est dit que si nous devions passer à un format virtuel, autant y mettre du sien et voir si nous pouvions toucher plus de monde. Elle a pris contact avec de nombreuses personnes pour faire connaître nos sessions, et il s’avère qu’elle avait raison : la demande était plus forte que nous ne l’avions imaginé. »
En 2024-2025, Mme Lee-Ameduri et sa collègue Cara Corvino devraient animer 22 sessions sur des sujets qui intéressent les gens dans différents domaines. « Je pense que l’une des raisons pour lesquelles le programme fonctionne si bien est qu’il n’est pas séquentiel », poursuit Mme Lee-Ameduri. « C’est gratuit, c’est virtuel, vous pouvez entrer et sortir à votre gré, vous pouvez choisir la ou les sessions qui vous intéressent. Certains employé.e.s d’hôpitaux reçoivent une formation à l’éthique au cours de leurs études postsecondaires, mais ce n’est pas beaucoup et il n’y a pas énormément de formations continues disponibles. »
Lee-Ameduri estime qu’une formation générale à l’éthique peut avoir un impact sur tout le monde dans un environnement de soins de santé. « Je crois que plus de formations en éthique équivaut à de meilleurs soins », affirme-t-elle. « Comment avoir des conversations difficiles avec les patient.e.s ? Comment leur parler de leurs valeurs ? Comment faire face à un désaccord avec les personnes qui prennent les décisions ? Si chacun se sentait mieux armé pour faire face à ces situations, les patient.e.s se sentiraient compris.es et soutenu.e.s, et le personnel se sentirait responsabilisé. »
Elle fait également référence à des recherches menées dans le cadre de programmes de bioéthique qui démontrent qu’une meilleure éducation à l’éthique peut réduire les coûts et le temps consacré à prodiguer des soins par les professionnels de la santé déjà fortement occupés. « Si une personne envisage de faire une transition vers les soins palliatifs et qu’elle a du mal à prendre la décision, elle peut avoir besoin de plusieurs réunions avec son médecin, par exemple », poursuit Mme Lee-Ameduri. « Si quelqu’un était formé pour discuter de cette décision avec le patient, cela signifierait moins de jours passés dans un lit d’hôpital pendant que ce dernier prend sa décision, et moins d’allers-retours avec le médecin. Les considérations médicales sont importantes pour prendre de bonnes décisions en matière de soins de santé, mais nos valeurs et nos sentiments à l’égard de notre plan de traitement le sont tout autant. »
Les sujets choisis pour les sessions sont tirés de l’expérience de Lee-Ameduri. « Aujourd’hui, j’ai animé une session sur les relations sexuelles dans les soins de longue durée », explique-t-elle. « Je ne prétends pas être une experte dans une situation donnée, mais Cara et moi-même pouvons certainement parler des consultations que nous traitons régulièrement, et cette situation en fait assurément partie. Les décisions prises dans le domaine des soins de santé s’appuient sur une longue histoire et une philosophie forte, et ces sessions sont l’occasion de mieux les comprendre. »
En fin de compte, Lee-Ameduri espère que les séances d’éducation à l’éthique contribueront à améliorer la culture organisationnelle et, surtout, les soins aux patient.e.s. « Si vous assistez à une séance en tant qu’infirmier.ère et que vous retournez dans votre unité la semaine suivante, vous serez peut-être plus enclin à vous exprimer avec un nouveau point de vue », dit-elle. « Peut-être suggèrent-elles de recadrer la façon dont quelque chose est communiqué aux patient.e.s, peut-être encouragent-elles une conversation ouverte sur un sujet difficile, une façon différente d’aider un.e patient.e. »
Dans un monde de rêve, Lee-Ameduri se mettrait à la recherche d’un emploi! « Si toutes les personnes travaillant dans le secteur de la santé et des services sociaux avaient une meilleure compréhension des mécanismes de prises de décisions et de comment mener des conversations difficiles, et se sentaient vraiment à l’aise dans ces situations au quotidien, je n’aurais pas besoin d’être ici, et ce serait très bien ! L’éducation est le point de départ. Nous sommes ravies de tout cet intérêt. »
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