Une médecin du Centre de santé Saint-Boniface tente de faire une différence dans l’impact de sa pratique sur l’environnement, et elle partage ses connaissances avec d’autres médecins au fur et à mesure qu’elle avance. « En soins primaires, nous nous concentrons toujours sur nos patients d’abord et avant tout », explique la Dre Isabelle Paquin. « Mais nous ne prenons pas nécessairement le temps de réfléchir à l’impact que nos choix peuvent avoir sur l’environnement. »
Alors qu’elle réfléchissait à la manière de mieux comprendre son impact et, surtout, de l’atténuer, elle a commencé à faire des recherches. « Existe-t-il des statistiques ou des informations qui pourraient m’aider à faire de meilleurs choix ? s’interroge la docteure Paquin. « Nous sommes tellement occupés dans une clinique, comme dans tous les autres secteurs, de nos jours. Je savais donc que mes choix devaient être fondés sur des données probantes et que si je devais partager mes résultats, il fallait que ce soit rapide et facile, car nous manquons de temps au quotidien pour tout faire. »
Ses recherches lui ont rapidement permis de trouver des solutions faciles à mettre en œuvre. Tout d’abord, les rouleaux de papier de la table d’examen. « Nous avons tous et toutes pris l’habitude d’utiliser ces rouleaux de papier, mais il n’est pas vraiment prouvé qu’ils réduisent les infections », explique Mme Paquin. « Une fois que l’on a perdu l’habitude et que l’on a expliqué à quelques patient.es le raisonnement fondé sur des preuves, il s’agit d’un changement très facile à effectuer qui a un impact immédiat sur la quantité de déchets que nous produisons. »
Deuxièmement, les gants stériles sont devenus la norme pour de nombreux praticien.nes, et Dre Paquin se demande s’ils sont toujours nécessaires, car ils sont enveloppés de plusieurs couches de matériau pour garantir la stérilité. « Là encore, les gants restent importants, mais rien ne prouve que pour les interventions mineures, les gants stériles fassent la moindre différence en termes de taux moindre d’infection », poursuit Mme Paquin. « C’est un changement à opérer pour nous tous, surtout après COVID, où nous nous sommes tellement habitués à des précautions supplémentaires. »
La Dre Paquin partage ses conclusions une ou deux fois par mois avec ses collègues lors de leur réunion matinale. « J’explique qu’il s’agit d’un choix personnel, j’explique les preuves et je précise que je suis là pour répondre aux questions si quelqu’un en a », explique-t-elle. « Cela ne prend pas plus d’une minute ou deux. Elle est bien accueillie car, en tant que professionnel.les de la santé, nous savons que les protocoles et les traitements peuvent changer à tout moment, et c’est ce qui se passe. Nous sommes toujours en train de nous adapter. »
Autre facteur de pollution médicale au Canada : les petits inhalateurs bleus que de nombreuses personnes reçoivent pour des problèmes pulmonaires et respiratoires. Selon le Journal de l’Association médicale canadienne, un seul inhalateur peut avoir le même impact sur l’environnement qu’un trajet en voiture de 170 kilomètres !
« Ces inhalateurs constituent une option thérapeutique importante pour les patients, mais nous pouvons tous jouer un rôle en faisant des choix plus respectueux de l’environnement », pense Isabelle Paquin. « Vous pouvez discuter avec votre équipe soignante de quelques questions simples à se poser pour être en mesure de prendre une meilleure décision: ai-je besoin de cet inhalateur ? Est-ce que je l’utilise correctement ? Existe-t-il d’autres options pour moi ? Est-ce que je m’en débarrasse correctement à la pharmacie quand je n’en ai plus besoin ? »
Le Centre de santé Saint-Boniface tient également compte de son impact sur l’environnement en explorant et en mettant en œuvre le recyclage, le compostage et d’autres initiatives écologiques. « Nous ne pouvons pas tout recycler dans les cliniques médicales, bien sûr, mais nous pouvons faire une différence ensemble, une action à la fois », conclut la Dre Paquin.