Comment et avec qui se tissent nos relations significatives? La majorité des adultes peuvent eux-mêmes choisir les relations qui leur donnent un sentiment d’appartenance, mais pour certains adultes ayant un trouble du développement, ce n’est pas si évident. L’organisme St.Amant explore actuellement une nouvelle démarche innovante pour mieux comprendre comment les personnes soutenues par son personnel s’intègrent à la communauté, forgent des amitiés et se découvrent de nouveaux passe-temps.
Andrew Terhoch, intervenant en soins spirituels à St.Amant, a étudié cette démarche en participant à la formation offerte par Starfire, organisme des États-Unis s’étant beaucoup investi pour renforcer le pouvoir d’action de sa clientèle dans la communauté.
« En grande partie, le travail du personnel de première ligne auprès des personnes que nous soutenons consiste à les aider à sonder leur identité, explique M. Terhoch. Nous privilégions les questions du genre : Quelles sont mes passions? Mes préférences? Mes valeurs? »
St.Amant opère maintenant un virage qui consiste à poser désormais une grande question qui encouragera les personnes soutenues à se forger de nouvelles relations significatives : « De quoi exactement ma communauté a-t-elle besoin? ».
M. Terhoch précise l’idée : « Il ne s’agit pas de définir son identité en tant que personne handicapée, mais plutôt de se définir en tant que membre de la communauté. Les personnes handicapées veulent savoir ce qu’ils peuvent apporter à leur communauté. C’est pour eux une occasion de prendre l’initiative et de se créer un lieu d’appartenance où ils peuvent aussi inviter d’autres personnes. »
La formation de Starfire propose un recentrage : si au lieu de chercher à protéger les personnes ayant un trouble du développement, on cherchait plutôt à élargir leur expérience, elles arriveraient alors plus facilement à vivre une vie plus enrichissante et à nouer des amitiés et des relations plus authentiques découlant d’intérêts communs et non simplement de leurs interactions avec des bénévoles ou des employés rémunérés.
« Notre but premier consiste à créer un contexte où le personnel de soutien n’est pas le principal catalyseur de ces relations significatives, ajoute M. Terhoch. Par exemple, si une personne que nous aidons nous disait vouloir devenir astronaute, nous aurions tendance à essayer de la prémunir contre une déception en lui expliquant qu’il s’agit d’un projet très ambitieux et peut-être même irréalisable puisqu’il lui faudrait énormément d’études et de formation (…) mais pourquoi ne pourrait-on pas plutôt lui demander ceci : ¢Qu’est-ce qui t’attire dans le métier d’astronaute?¢ C’est là que nous commençons une véritable démarche d’exploration. »
La formation offerte par la voie de Starfire à quelques dirigeants et membres du personnel de première ligne de St.Amant nous aide à repenser les façons dont les personnes ayant un trouble du développement perçoivent le monde.
« Il ne s’agit pas ici d’une perspective de succès ou d’échec, mais bien d’exploration des passions, affirme M. Terhoch. Qui sait quelles avenues cette perspective pourra ouvrir? Pour nous, l’essentiel n’est pas la destination, mais bien le chemin que la personne emprunte pour s’y rendre par elle-même. Cela implique de réfléchir à notre façon de gérer les défis et les déceptions tout comme les succès. Dans notre travail, cela nous amène à réfléchir à notre façon de gérer nos vulnérabilités ensemble. »
La formation de Starfire, qui a pu être obtenue grâce à une subvention Inspiration fournie par le Réseau Compassion Network, ouvre de nouvelles perspectives aux personnes soutenues par St.Amant. « Il s’agit, au-delà de la destination, de penser avant tout à vivre sa vie dans un esprit d’aventure. Nous aspirons tous à vivre pleinement nos joies et nos peines et à trouver un milieu où nous nous sentons vraiment à notre place », conclut M. Terhoch.