Café avec Katarina

10 décembre, 2019 | Initiatives et projets

Photo de Katarina Lee-Ameduri

Voici la première édition café avec Katarina, une discussion avec Katarina Lee‑Ameduri, éthicienne clinicienne à Hôpital Saint‑Boniface et au Bureau de mission de la Corporation catholique de la santé du Manitoba (CCSM) et professeure adjointe à la faculté de médecine familiale de l’Université du Manitoba.

Katarina fera part de ses réflexions sur certains des principaux sujets rencontrées dans le cadre de son travail de tous les jours. Ce mois‑ci, nous ferons connaissance avec Katarina, nous apprendrons comment elle est devenue éthicienne et nous aborderons quelques sujets d’actualité. Dorénavant, nous aimerions entendre de vous, avec vos sujets brûlants auquel vous faites face au travail. Envoyer un sujet que vous aimeriez voir discuter dans cet article, à info@chcm-ccsm.ca

Comment en êtes‑vous arrivée à vous intéresser à l’éthique? Qu’est‑ce qui vous a amenée là?

Je peux dire que les questions d’éthique m’ont presque toujours intéressée. Mes parents sont tous deux avocats dans une petite ville, et ma mère s’occupait de questions d’éthique à notre office régional de la santé. Par ailleurs, lorsque j’étais très jeune, ma grand‑mère est tombée malade et a passé 19 mois à l’hôpital. Ces 19 mois ont donné lieu à bien des débats sur les traitements de maintien de la vie et à beaucoup de conversations délicates sur l’éthique. Tout ça a vraiment commencé à façonner ma vision des questions d’ordre éthique et à éveiller mon intérêt.

Depuis que vous êtes ici, quelle est la principale question qu’on vous pose?

On me pose souvent des questions à propos des subrogé.

Et qu’est‑ce qu’un subrogé?

Ça dépend des provinces, mais au Manitoba, c’est un peu bizarre. La plupart des gens croient que leur conjoint est leur représentant, et il s’agit souvent de la personne la mieux placée pour jouer ce rôle, mais sans procuration pour soins de santé, le choix de la personne reste indéterminé!

À l’hôpital, mon rôle consiste en grande partie à déterminer quelles sont les valeurs des patients, à comprendre quelles sont leurs valeurs et à aider le personnel à déterminer qui pourrait être un représentant adéquat compte tenu de leur situation.

Quelle est votre question favorite?

Je dirais que je n’ai pas de question favorite, mais plutôt un type d’intervention favori. J’aime les situations où je peux servir d’intermédiaire; parfois deux personnes ne semblent pas s’entendre sur une question d’ordre éthique, mais en fait ils sont du même avis. J’aime les amener à se rapprocher et à comprendre qu’elles sont du même avis. Beaucoup de questions d’éthique ne se terminent pas bien, et nous ne voyons pas toujours de dénouements heureux; moi, j’aime avoir de temps à autre l’occasion de parvenir à une conclusion.

En matière d’éthique préventive, l’outil que je préconise avant tout autre est la procuration pour soins de santé. Il n’y a pas de mal à le faire, vous pouvez la modifier autant de fois que vous voulez et elle vous protège à bien des égards. C’est un document simple dans lequel vous nommez votre mandataire spécial et qui facilite tout.

Donnez‑nous un exemple de question à laquelle il n’est pas aussi simple de répondre?

Dans le réseau d’organismes de la CCSM, il y a parfois des questions complexes qui ont trait aux choix et à la liberté des personnes. En matière de relations sexuelles, il doit y avoir consentement, mais comment savoir si une personne a l’habilité ou la capacité de donner son consentement? Comment le déterminer? Chacun devrait pouvoir prendre ses propres décisions et jouir de sa liberté, mais il est juste difficile de déterminer la limite pour chaque personne. Les politiques ne permettent pas toujours de résoudre ces difficultés; nous avons tous le droit de prendre de mauvaises décisions, mais où tracer la ligne lorsque la frontière entre les mauvaises décisions et la sécurité d’une personne dont nous avons soin s’estompe? La situation est délicate.

Un mot qui trouve un écho chez nous tous, à la CCSM, est la compassion. Comment compassion et éthique s’harmonisent‑elles? Ou est-ce qu’ils harmonisent?

Je dirais que la réaction la plus empreinte de compassion est aussi, souvent, la plus éthique, que le traitement le plus éthique suppose généralement la compassion. L’expression qui consiste à dire de ne pas porter préjudice a ses limites. La compassion peut réellement aider les fournisseurs de services sociaux et de soins de santé à se conformer aux décisions éthiques. Lorsque la compassion ou l’empathie faiblissent, les lignes directrices en matière d’éthique nous aident souvent à réagir avec compassion.

Y a‑t‑il des activités où les gens peuvent en apprendre davantage sur l’éthique?

Nous avons une série portant sur l’éthique dans les films qui est très intéressante. Nous regardons un film hollywoodien qui pose un dilemme éthique et nous en discutons.

Dernièrement, nous avons regardé Awakening, avec Robert DeNiro et Robin Williams. C’est un film sur un patient qui se trouve dans un état « végétatif » et chez qui tous les symptômes disparaissent pour une brève période après l’administration d’un médicament à l’essai. Nous avons eu un bon débat sur les relations entre les fournisseurs de soins et les gens dont nous nous occupons, sur les médicaments à l’essai et sur les questions éthiques que tout cela soulève, beaucoup de sujets intéressants à approfondir. Nous aurons un autre film en février prochain, The Upside, avec Kevin Hart et Bryan Cranston. Tout le monde est bienvenu!

Nous accueillerons de nombreuses séries de conférences tout au long de l’année et nous tiendrons bientôt une assemblée publique sur l’abus d’alcool et d’autres drogues. Vous trouverez toutes ces activités dans le bulletin électronique Luminescence et sur le site Web de la CCSM.

Cette chronique s’intitule café avec Katarina – vous avez vécu à bien des endroits – dans quelle ville sert‑on le meilleur café et comment commandez‑vous le vôtre?

La grande majorité du temps, je prends mon café noir (je suis rarement sans café à la main), mais quand j’ai le goût d’une fantaisie, je prends un café au lait.

On trouve le meilleur café à New York, mais Houston arrive très près derrière.

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