Chez Sara Riel, on comprend que la guérison commence par la confiance. Ainsi, l’organisation prend des mesures pour renforcer les relations qu’elle entretient avec les communautés qu’elle sert. Grâce à une subvention de Centraide, Sara Riel s’est lancé dans une série de consultations afin de l’aider à mieux cerner comment fournir des services de qualité à un plus grand nombre de personnes qui en réclament.
Denise Belanger, d’Inquiry Minded Consulting, a été chargée de faciliter l’exploration nécessaire pour mieux comprendre les besoins des Winnipegoises et Winnipegois. « La question fondamentale était de savoir comment Sara Riel peut mieux répondre aux besoins de rétablissement en santé mentale des nouveaux arrivants, des Autochtones et des personnes qui s’identifient comme 2ELGBTQ1 », explique Mme Belanger. « On aurait pu aborder cette question comme une analyse des lacunes, mais j’y ai plutôt vu une occasion de miser sur les points forts. Des relations sont déjà établies et le personnel fait un travail formidable, il s’agit donc de continuer à approfondir ces efforts. »
Pour avoir une meilleure idée des besoins des communautés, Sara Riel a conçu un plan simple : demander l’avis des communautés elles-mêmes. « En juin, un membre du personnel de Sara Riel a invité une dizaine de leaders des communautés de nouveaux arrivants originaires d’Afrique », relate Mme Belanger. « En août, nous avons tenu une deuxième rencontre avec des Autochtones, avec l’aide de l’aînée Louise Lavallee. En octobre, nous organiserons un autre rassemblement avec des membres des communautés 2ELGBTQ. »

Les discussions à ce jour ont tourné autour de quelques questions clés : comment la santé mentale est-elle perçue et abordée dans votre communauté? De quoi la communauté a-t-elle besoin pour mieux répondre aux besoins de ses membres en matière de santé mentale? Quel peut être le rôle de Sara Riel dans ce contexte?
« Ce qui ressort le plus de ces discussions, et ce n’est pas une surprise, c’est l’importance d’entretenir des relations », révèle Mme Belanger. « Nous en parlons sans cesse, mais c’est un fait. Les gens ne peuvent pas s’engager sur la voie du rétablissement s’ils ne se sentent pas en confiance. »
Même si Denise Belanger admet que l’importance d’établir des relations de confiance n’est pas un fait nouveau, elle ajoute : « Il est primordial que nous entendions cela directement de la communauté concernée. Ce qui s’est produit dans le passé, notamment dans les systèmes coloniaux, c’est qu’on a présumé de la meilleure façon de servir ces communautés, au lieu de le leur demander. »
Établir des liens de confiance doit d’abord commencer avec les leaders des communautés afin de voir l’effet d’entrainement se répercuter sur leurs membres. « Nous savons que nous devons continuer à nouer des relations avec les leaders », poursuit la consultante. « Il nous est apparu très clairement, en particulier chez les nouveaux arrivants africains, que leurs leaders étaient très respectés, et si vous ne travaillez pas par l’intermédiaire de personnes de confiance, les membres de la communauté hésiteront à se fier à vous. »
Les consultations ne sont qu’un début pour Sara Riel. L’organisation continuera à rencontrer et à consulter les leaders afin de comprendre comment elle peut s’adapter pour s’assurer de répondre aux besoins des communautés.
Bien qu’elle se consacre à soutenir la santé mentale individuelle de l’ensemble des résidents de Winnipeg, la clinique Sara Riel est également consciente que d’établir de bonnes relations et se mettre à l’écoute des communautés qu’elle sert constituent des gestes décolonisateurs et anti-oppressifs d’importances.
« C’est une question pressante pour tous les organismes », confirme Mme Belanger. « Il s’agit d’un travail de réconciliation essentiel au sein des communautés autochtones, mais de nombreux nouveaux arrivants fuient aussi les effets de la colonisation, et je soupçonne que la pensée coloniale a également placé les membres des communautés 2ELGBTQ en position de vulnérabilité. Nous devons prendre conscience que la colonisation nous affecte toutes et tous. Il existe une gradation, bien sûr, et certaines personnes sont plus touchées que d’autres, mais nous devons travailler de concert. Nous n’irons nulle part si nous n’y allons pas ensemble. »
1 2ELGBTQ est un acronyme qui désigne les personnes bispirituelles (« deux-esprits »), lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres et queer.