Erin Huber a travaillé 12 ans dans le domaine de la protection de l’enfance en situation d’urgence avant de se joindre à St.Amant en tant que coordonnatrice des services de répit pour les enfants et du soutien aux familles. « Dans ce rôle, j’ai vu tant de familles merveilleuses qui n’ont eu d’autre choix que de confier leur enfant aux Services à l’enfant et à la famille, se souvient-elle. Il s’agissait de bonnes personnes, de parents aimants, mais les besoins complexes de leur enfant nécessitaient des soins 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par année. Lorsqu’elles avaient besoin d’une pause, ces familles disposaient de très peu d’options. »

Avec l’ouverture récente d’une maison de répit à Winnipeg et d’une autre à Brandon en mai 2022, toutes deux gérées par St.Amant, Mme Huber est ravie de voir cette option offerte aux familles d’enfants atteints de troubles du développement ou d’autisme. Ces familles en avaient grandement besoin. « Nous avons une liste de critères pour déterminer l’admissibilité aux services de répit, explique-t-elle. La privation de sommeil en fait partie. De nombreux parents restent éveillés toute la nuit, ce qui les rend extrêmement fatigués et les oblige à composer avec des situations difficiles à toute heure. Certains parents hésitent même à aller aux toilettes de peur que leur enfant tente de s’enfuir ou s’infligent des blessures en leur absence. »
Une équipe est chargée de créer un milieu sûr et accueillant aux enfants et aux familles. « Une fois qu’une famille nous est adressée, elle a droit à un maximum de 91 jours de répit par année civile, affirme Mme Huber. Les enfants sont hébergés à tour de rôle, et le répit comporte également un volet clinique. Nous avons accès à un conseiller, un travailleur social, un ergothérapeute et plus encore. Le répit en dehors du domicile n’est qu’une pièce du casse-tête; nous tentons aussi d’aider les familles à gérer elles-mêmes les comportements difficiles de leur enfant. »
Jusqu’ici, le programme a connu beaucoup de succès à Winnipeg. « Huit ou neuf enfants sont venus séjourner chez nous, poursuit Mme Huber. Je tiens à souligner la force et la résilience de ces familles. Au moment où elles sont admises pour la première fois, elles ressentent à la fois du soulagement et de la peur. Comme n’importe quel parent, elles se demandent si nous serons en mesure de nous occuper de leur enfant correctement. Elles nous accordent une grande confiance, et nous ne la tenons pas pour acquise. »
Mme Huber ajoute que certains parents doutent que leur enfant puisse s’adapter à un changement de routine. « Certains nous disent qu’ils sont convaincus que nous allons les appeler dans l’heure pour leur dire que ça ne marche pas, admet-elle. Une mère en particulier ne pensait pas que son fils sortirait même de la voiture. Non seulement est-il resté une semaine complète chez nous, mais il est resté une journée de plus en raison d’une tempête de neige. Il a même dit à sa mère qu’il voulait revenir. C’était un moment très fort pour nous tous. »
Quel est l’impact du répit sur une famille? « Bon nombre de ces parents ont d’autres enfants qui requièrent leur attention, ou ils ont vraiment besoin de se reposer et de rattraper leur sommeil, souligne Mme Huber. Je pense souvent au fait que je n’ai moi-même qu’un seul enfant et à quel point je suis épuisée! Quand je pense à tout ce que ces parents parviennent à faire, je me dis que ce sont de véritables machines. Leur offrir un répit, en leur faisant comprendre que leur enfant est en sécurité et que l’on s’occupe bien de lui, est un cadeau pour toute la famille. »