Le mot du cœur

30 mai, 2025 | Le mot du cœur

Nous sommes heureux d’accueillir Nancy Parker au sein du Réseau Network Compassion en tant que Cheffe de projets senior, avec un accent particulier sur la réconciliation et la culture au sein du réseau. Elle a récemment occupé le poste de direction générale de Marymound pendant huit ans. Dans ce Mot du cœur, Nancy partage ses réflexions sur tous ceux et celles qui l’ont aidée à progresser dans sa compréhension de la réconciliation, en tant qu’alliée et en tant que membre de sa communauté.

•••

« Nous sommes tous des inventeurs, chacun naviguant vers un voyage de découverte, guidé par une carte privée, dont il n’existe pas de duplicata. Le monde est fait de portes et d’opportunités. » – Ralph Waldo Emerson

Née et ayant grandie à Winnipeg, j’ai quitté cette ville pour poursuivre ma carrière de musicothérapeute aux États-Unis. J’ai rencontré et épousé un Américain et j’ai vécu près de trente ans aux États-Unis, principalement dans le nord-ouest du Pacifique. Peu après mon retour à Winnipeg pour participer à la mise en place d’un nouveau Centre de réponse aux crises, j’ai eu l’occasion de participer à une formation de deux jours sur la culture autochtone, organisée par l’Office régional de la santé de Winnipeg. C’est là que, pour la première fois, j’ai commencé à me familiariser avec l’histoire de la Loi sur les Indiens, des pensionnats et du génocide culturel des communautés et des peuples autochtones. Ma compréhension du Canada et de son histoire s’en est trouvée bouleversée et j’en ai eu le cœur brisé.

Peu à peu, des occasions se sont présentées de nouer des amitiés avec des collègues autochtones et d’entamer mon parcours d’apprentissage. Je considère que mon premier professeur a été Ed Connors, aîné de Tecumseh, qui m’a invitée à faire partie du Cercle des Premières Nations; un comité du conseil d’administration de l’Association canadienne pour la prévention du suicide. Cela m’a amené à participer à une collaboration nationale par l’intermédiaire de la Fondation canadienne pour l’amélioration des soins de santé (FCIS) : Promoting Life Together Collaborative (Promouvoir la vie ensemble). Ce voyage m’a permis d’apprendre en profondeur, car j’ai été invitée à faire partie d’un cercle d’orientation, où, à part le personnel de la FCIS, j’étais la seule personne non autochtone à travailler en tant que coach et membre du groupe d’orientation. Ce travail était dirigé par une vision du monde autochtone et, en écoutant les nombreux.euses aîné.e.s et gardien.ne.s du savoir, j’ai eu le privilège d’assister à un travail qui remettait en question toutes mes expériences occidentales. Chi-miigwech aux coprésidents, les aînés Bill Mussell et Carol Fancott, ainsi qu’aux gardien.ne.s du savoir et aux aîné.e.s : Kelly Brownbill, Ed Connors, Albert Dumont, Carol Hopkins, Will Landon, Marion Maar, Denise McCuaig, Despina Papadopoulos, Brenda Restoule et Mariette Sutherland.

Ce travail a coïncidé avec le début de mon rôle à Marymound. J’ai voulu rejoindre Marymound en grande partie pour ses valeurs, et deux en particulier : le courage et la spiritualité. Ces valeurs n’étaient pas typiquement énoncées par une organisation à but non lucratif classique et mon intérêt a été piqué. C’était aussi l’occasion de faire partie d’une organisation qui devait jouer un rôle central dans la participation aux appels à l’action de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada. Fondée par les Sœurs du Bon-Pasteur, desservant un grand pourcentage de jeunes autochtones et offrant certains programmes dans le domaine de la protection de l’enfance, Marymound se trouvait carrément au cœur des actions coloniales/religieuses et de leurs conséquences pour les communautés et les peuples autochtones. Jamais je n’aurais pu imaginer l’apprentissage en profondeur qui allait m’attendre.

Lorsque je suis arrivée, la directrice des ressources humaines, Stephanie Zamora, dirigeait une équipe culturelle composée de jeunes employé.e.s autochtones, sous la direction du Grand-père Wanbdi Wakita. Soudain, je travaillais dans une organisation où je pouvais participer à un cercle quotidien de purification et faire l’expérience d’enseignements et d’activités basés sur la terre. Au fil du temps, différentes personnes ont occupé des postes au sein de l’équipe culturelle, apportant toutes des dons uniques, désormais sous la direction gracieuse et généreuse de Dawn Isaac.

La première Aînée en résidence de Marymound, Louise Lavallee, a apporté une énergie et une sagesse extraordinaires aux jeunes et au personnel de Marymound. Je me souviens qu’à ses débuts à Marymound, elle a commencé à organiser la cérémonie de la pleine lune. Seules quelques femmes y participaient. Aujourd’hui, cette cérémonie se poursuit et des dizaines de jeunes, d’employé.e.s et de membres de la communauté y participent. J’ai vite compris que Marymound était et reste une organisation hautement relationnelle, soutenue par une myriade d’événements et d’occasions de se réunir en communauté. J’ai été invitée à ma première fête de l’ours à l’école Marymound, dirigée par Joanne MacDonald, femme et enseignante Anishinabek. Lorsque je suis arrivée à l’école, un groupe de filles ricaneuses m’a entraînée dans les toilettes des filles. À ma grande surprise et à ma grande joie, elles m’avaient cousu une jupe à rubans. Cette jupe m’est précieuse et m’a permis de me sentir accueillie.

Les expériences et les apprentissages au cours des années passées à Marymound sont trop nombreux pour être mentionnés, et les mots manquent pour décrire leur impact sur ma personne. J’éprouve une profonde gratitude pour les différent.e.s ainé.e.s et gardien.ne.s du savoir du cercle consultatif autochtone de Marymound, qui ont partagé leurs dons et prodigué de sages conseils.

Lors de mes derniers jours à Marymound, j’ai été honorée par une fête au cours de laquelle de nombreuses paroles aimables ont été échangées sur les changements passionnants qui se sont produits à Marymound au cours des dernières années. La boucle était bouclée lorsque j’ai reçu en cadeau une jupe à rubans cousue par l’aînée Cheryl Thomson. J’ai porté cette magnifique jupe pendant que l’aînée Cheryl dirigeait une cérémonie de remise de couvertures en guise de cadeau d’honneur et de respect; la couverture représentant la protection, la force et le lien avec le patrimoine et les ancêtres. Alors que Dawn Isaac et Chantel St. Germaine m’enveloppaient dans la couverture, j’ai ressenti une profonde paix d’avoir eu tant d’occasions de faire partie d’un merveilleux à Marymound.

« Le monde est fait de portes et d’opportunités. » Jamais je n’aurais imaginé, lorsque je suis arrivée à Marymound, que cela m’amènerait à jouer un rôle au sein du Réseau Compassion Network pour soutenir le renforcement des valeurs des congrégations fondatrices et faire avancer le plan d’action pour la réconciliation dans l’ensemble du réseau. J’attends avec impatience les cadeaux qui m’attendent dans cette nouvelle étape du voyage de mon cœur. 

archives

  • [+]2025
  • [+]2024
  • [+]2023
  • [+]2022
  • [+]2021
  • [+]2020
  • [+]2019
  • [+]2018