Lorsque le Réseau Compassion Network (RCN) a voulu évaluer dans quelle mesure il avait atteint les objectifs qu’il s’était fixés pour la création des suites Marion, un immeuble d’appartements à revenus mixtes situé à Saint-Boniface, Denise Belanger était prête à assumer le rôle d’évaluatrice, même s’il lui fallait faire preuve d’un peu de créativité.
« Il n’y a pas eu beaucoup de travail fait auparavant pour évaluer les différents modèles de logements supervisés », admet-elle. « Je dirais que c’est nouveau pour moi, et je crois que c’est assez récent dans le paysage canadien. Assurément, l’ensemble de ce projet est différent dans le milieu de l’offre de logements abordables. »
Les suites Marion ont été conçues avec 48 suites, allant du studio à un appartement de trois chambres à coucher, et 20 d’entre elles sont réservées à l’usage de membres du réseau RCN, soit Sara Riel, St.Amant et Abri Marguerite. Ces logements ont été mis à disposition avec des loyers adaptés aux revenus de ceux et celles qui y résideront. Les autres logements sont loués au public au prix du marché.
« Un lieu de vie construit sur mesure et de façon égale pour tous, où certaines personnes bénéficient d’un logement abordable supervisé et d’autres d’un logement au prix du marché, c’est nouveau », explique-t-elle. « C’est ce que nous appelons le logement inclusif, et parce que c’est moins courant, il y a beaucoup à apprendre des suites Marion.
Mme Belanger a utilisé des éléments d’un cadre existant pour pouvoir mesurer la réussite du projet. « Lorsque nous cherchons à savoir comment mesurer un projet comme celui-ci, nous pouvons nous appuyer sur des paramètres qui existent déjà : la sécurité, le confort, l’inclusion, le respect et la satisfaction », poursuit-elle. « Ce sont les points de départ pour comprendre si quelqu’un se sent heureux et inclus. Les questions que nous avons posées sont restées simples, mais c’est ce que nous avons essayé de comprendre. »
Les commentaires des personnes vivant dans des logements abordables supervisés sont élogieux. « Il y a une femme qui vit ici et qui utilise une marchette », raconte Mme Belanger. « Elle devait monter et descendre deux étages pour faire sa lessive, après s’être rendue dans les magasins ou à ses rendez-vous de la journée. La buanderie, ainsi que l’accès à un balcon dans chaque unité, figuraient en haut de la liste des choses dont les résident.e.s étaient reconnaissant.e.s. Même le fait de vivre dans un espace sans vermine est un luxe pour certains d’entre elles. Les personnes vulnérables vivent presque toujours avec un faible revenu. Elles ne vivent pas toujours dans des endroits qui répondent à leurs besoins ou qui sont sûrs, parce qu’elles n’en ont pas les moyens. »
Mme Belanger a voulu savoir ce que les locataires des logements au prix du marché avaient à dire sur leur expérience de la vie dans Les suites Marion. Ils ont également été invités à répondre aux quatre mêmes questions courtes que celles posées aux résidents des logements abordables, et environ la moitié des résidents des logements du marché ont répondu. « Nous avons commencé par poser la question suivante : savez-vous qu’il y a des logements abordables et très abordables dans votre immeuble ? « Ils ne le savaient pas. Ces résident.e.s sont juste des voisin.e.s, dans un immeuble avec beaucoup de types de personnes. Ils ne se rendent pas compte qu’il existe une différence financière entre eux. Je dirais que ça, c’est de l’inclusion. »
L’un des autres avantages majeurs que les personnes vivant dans les appartements abordables apprécient est la possibilité de construire activement une communauté. Les sentiments de sécurité et d’appartenance se vivent au quotidien dans un immeuble comme Les suites Marion. « Les gens aiment être entourés de personnes qui leur ressemblent », conclut Mme Belanger. « Pour se sentir en sécurité, il faut assurer la sécurité physique, mais aussi la sécurité émotionnelle. Un barbecue annuel, organisé par Réseau Compassion Network, où tous et toutes étaient bienvenu.e.s a contribué à renforcer les relations dans l’immeuble et a été fort apprécié. Nous devons être conscients de l’importance de l’inclusion ! »