Café avec Katarina : Les relations

10 février, 2020 | Initiatives et projets

Bienvenue à la deuxième édition de Café avec Katarina, une discussion avec Katarina Lee‑Ameduri, éthicienne clinicienne à l’Hôpital Saint‑Boniface et à la Corporation catholique de la santé du Manitoba (CCSM) et professeure adjointe à la Faculté de médecine familiale de l’Université du Manitoba.

Ce mois-ci, nous abordons le thème des relations. Les relations peuvent susciter une foule de questions éthiques et peuvent être un sujet difficile à aborder, la distinction n’étant pas toujours claire entre nos propres jugements et notre devoir éthique.

Si vous aimeriez que d’autres sujets d’actualité et questions éthiques soient abordés dans cette rubrique, veuillez nous écrire à info@chcm-ccsm.ca

Comme nous sommes en février, juste avant la Saint-Valentin, pourquoi ne pas aborder la question des relations? Lorsque nous parlons des relations et des personnes que nous appuyons, comment pouvons-nous offrir notre appui sans entraver les relations?

En général, il faut discuter de plusieurs aspects quand vient le temps d’aborder un sujet compliqué, comme les relations. Deux aspects en particulier sont la prise de décisions et les ressources (ou le manque de ressources).

Les relations de toutes sortes peuvent être compliquées. Prenons l’exemple d’un parent qui vient consulter un médecin à la recherche de ressources pour aider son enfant adulte, qui refuse de se faire aider. Comment pouvons-nous aider une personne adulte qui refuse de se faire aider et qui pourrait être en danger? Parfois, les familles demandent à la police d’aller vérifier si la personne se porte bien, une solution parfois efficace, mais qui n’est pas nécessairement la meilleure façon d’utiliser les ressources. La personne est-elle en mesure de prendre ses propres décisions? Elle peut avoir accès à de nombreuses ressources et au soutien de plusieurs personnes de son entourage, mais sa capacité de prendre des décisions peut être compromise.

Il y a également la question de l’accès aux ressources, ou du manque de ressources.

Disons que quelqu’un est en froid avec toutes ses personnes-ressources. Cette personne n’est peut-être pas en mesure de se défendre, en plus d’avoir des problèmes de santé mentale entravant son jugement. Cette personne peut avoir un conjoint dont se méfient les professionnels de la santé, qui peuvent soupçonner un cas d’exploitation financière. La personne nie qu’elle se fait exploiter, de même que le conjoint.

Comment le prouver? Qui faut-il écouter? Malgré la « normalité raisonnable », comment peut-on déterminer ce qui constitue une relation « saine » ou « malsaine »? Chacun a le droit de faire ses propres choix.  

Pouvons-nous être convaincus que cette personne dispose des ressources et des aptitudes décisionnelles nécessaires pour être en sécurité? 

Il est certain que nous n’apprécions pas le partenaire de tout le monde, mais nous avons rarement notre mot à dire en ce qui concerne les fréquentations et partenaires de vie de nos proches. C’est là que les choses peuvent se compliquer en ce qui concerne les personnes que nous appuyons et les choix qu’elles font dans leurs relations.

Mon expérience m’a appris que la société semble scruter à la loupe les choix et les décisions des gens pouvant être considérés comme vulnérables. Ce n’est pas juste, mais le devoir de protéger une personne vulnérable fait partie de notre rôle, dans le domaine de la santé et des services sociaux. Ce mot, vulnérable, peut être en soi au cœur du débat : ma définition peut être différente de la vôtre et de celle d’un collègue.

Dans le domaine des soins de longue durée, l’établissement a en principe la responsabilité de protéger une personne vulnérable. En réalité, cette responsabilité repose sur les épaules d’un travailleur social. Certains trouvent gênant de devoir discuter avec un travailleur social de leur relation et de leurs objectifs. Et si les objectifs divergent? Certaines personnes ont du mal à s’exprimer, alors que d’autres peuvent indiquer explicitement ce qu’elles recherchent dans une relation. Comment un travailleur social peut-il porter un jugement en s’appuyant sur une seule rencontre avec un couple?

Étant donné que la plupart de nos relations ne sont pas précédées d’une rencontre obligatoire avec un travailleur social pour s’assurer que nous recherchons la même chose d’une relation, est-il juste de l’imposer aux personnes que nous appuyons? C’est là qu’il faut faire la distinction entre sécurité et intrusion.

À propos de sécurité et d’intrusion, certaines personnes âgées retrouvent l’amour tard dans la vie. Pourrait-il y avoir des questions éthiques lorsqu’une personne qui redécouvre l’amour pourrait, dans certains cas, être considérée comme vulnérable?

Certes, j’ai vu des personnes veuves ou divorcées depuis de nombreuses années trouver un partenaire de vie dans un établissement d’aide à la vie autonome et se marier. Pour la plupart, ce sont des discussions juridiques et financières plutôt qu’éthiques qu’il faut aborder. Le nouveau conjoint héritera-t-il des biens en cas de décès? Assurance-vie? Un accord prénuptial doit-il être signé pour régler ces questions?

Des questions éthiques peuvent souvent se poser lorsqu’une personne n’a pas l’âge typique pour commencer cette relation (soit très jeune, soit très âgée), ou si ses capacités cognitives sont en déclin. Qu’est-ce qui est acceptable dans une relation, à ce stade-ci de votre vie? Qui doit le déterminer?

Une possibilité est de créer un processus qui peut faciliter le consentement, pour les personnes de tous les âges. Il pourrait s’agir d’une évaluation d’un psychiatre lorsqu’une personne reçoit des soins médicaux de courte durée. Cette démarche pourrait réduire le travail de devinette et le jugement individuel.

Des questions de contraception peuvent également se poser lorsque l’on a affaire à des personnes jeunes ayant différents niveaux d’aptitudes cognitives. Chacun a son opinion de la contraception en fonction de ses croyances personnelles. Encore une fois, où se situe la fragile démarcation entre aider quelqu’un à prendre une décision sécuritaire et porter un jugement personnel?

Beaucoup de matière à réflexion! Merci Katarina! Quelles sont les activités à venir?

Plusieurs activités sont prévues, la prochaine étant une série de films sur l’éthique dans le domaine de la santé. Nous diffuserons d’abord le film The Upside, qui aborde un grand nombre des sujets dont nous avons parlé aujourd’hui : les relations, les intentions et les soignants. J’espère vous y voir.

Pour en savoir plus au sujet des activités à venir, consultez chcm-ccsm.ca

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