Robert Lafrenière est notre chef de la direction financière, et il a également pris la tête de nombreux projets communautaires, notamment deux immeubles résidentiels à revenus mixtes à Saint-Boniface, Les suites Marion, et maintenant le nouveau projet Les suites Taché.
RCN : Nous savons que l’accès au logement abordable est un besoin réel à Winnipeg. Pourquoi Réseau Compassion Network (RCN) a-t-il estimé qu’il était temps de s’impliquer dans ce secteur ?
RL : Tout d’abord, nous disposions de terrains. Nous avions des terrains sous-utilisés à Saint-Boniface, mais surtout, nous savions que nous pouvions faire une différence en construisant sur ces parcelles de terre, et que c’était notre responsabilité sociale d’essayer. Nous célébrons plus de deux ans d’occupation de l’immeuble Les suites Marion, qui a permis de créer des logements abordables avec des services de soutien pour des résidents, offerts par des organismes de notre réseau, en plus des appartements au prix du marché. La construction, le financement et la commercialisation de logements sont des tâches complexes, mais grâce à nos compétences et à nos ressources, nous savions que nous étions bien placés pour essayer. Nous avons soumis notre intérêt au développement du terrain sur l’avenue Taché, rendu disponible par la ville de Winnipeg. La Ville a beaucoup aimé notre vision du projet et nous a donc confié le terrain pour notre prochaine initiative, Les suites Taché, et nous lui sommes reconnaissants de la confiance et du soutien pour ce type de projet à portée sociale.
RCN : Alors que RCN était l’unique chef de file du projet Les suites Marion, pourquoi était-il important de travailler en partenariat avec CoHabit sur le nouveau projet immobilier proposé au 825, avenue Taché ?
RL : J’ai un profond respect pour les Margy Nelson de ce monde. Margy a fondé CoHabit parce qu’il n’y a pas de logement approprié pour l’un de ses fils jumeaux, Bryce, qui est dans la trentaine et vit avec une paralysie cérébrale. Elle nous a aidés à comprendre qu’il y a environ 500 personnes comme Bryce qui ne bénéficient pas d’un soutien adéquat. Elles passent entre les mailles du filet. La passion, la vision et la résilience incroyables d’une mère qui fait tout en son pouvoir pour que son fils puisse vivre pleinement sa vie… est vraiment inspirant. Nous voulons accompagner des personnes comme Margy. Nous pouvons apporter notre expertise et nos ressources à une solution que la communauté a déjà esquissée et être un catalyseur de changement durable.
RCN : Quel type de changement devons-nous voir dans le domaine de l’accès au logement abordable ?
RL : Le logement est la pierre angulaire d’une vie saine, et il occupe une place importante dans le modèle de la pauvreté complexe que nous utilisons pour guider notre travail et nos priorités au sein du RCN. Le logement n’est pas la seule solution aux obstacles auxquels les personnes sont confrontées dans nos communautés, mais il est souvent le point de départ de la réponse aux besoins des personnes que nous aidons. Nous avons besoin de logements abordables, accessibles et sûrs si nous voulons continuer à aider les gens à relever les défis qui les empêchent de mener une vie épanouie et enrichissante. Ce qui est le plus passionnant dans ce que nous faisons avec CoHabit, c’est que nous pensons qu’il s’agit d’un modèle reproductible. Nous pouvons créer ce premier immeuble, prouver le concept, puis le reproduire pour répondre à davantage de besoins.
RCN : Le développement immobilier est une question de chiffres et de bon sens, mais dans notre cas, c’est aussi une question de cœur. Comment avez-vous vécu votre exploration du secteur du logement à but non lucratif ?
RL : Au début de ma carrière, je me concentrais principalement sur les transactions : quel est le rendement, comment nous différencier, quel est le modèle économique ? Mais ce type de travail immobilier sur lequel nous nous concentrons à RCN est relationnel; il s’agit de découvrir ce dont nos communautés ont besoin et de travailler ensemble pour y répondre. Nous aidons des personnes qui ont des besoins complexes, et nous savons que nous pouvons faire la différence. Avoir un impact sur certains de ces défis est vraiment enrichissant. Cela change votre vision du monde et vos priorités. Nous ne parlons pas de résultats financiers, mais de répondre à un besoin, d’offrir de la dignité, d’être véritablement inclusif. C’est pourquoi nos partenaires sont si importants : nous voulons poursuivre dans cette voie et, pour cela, nous devons continuer à développer des relations authentiques. Nous ne pouvons pas y arriver seuls, mais ensemble, nous pouvons faire la différence.
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